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Haiti-Observateur : Affaire Haitel / Laurent Lamothe : Le doute s’installe entre le président et son premier ministre
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Par Léo Joseph
Dans l'affaire « État haïtien contre la Haitel », le président et son Premier ministre ne sont plus logés à la même enseigne. L'étaient-ils, pour commencer ? On ne peut encore trouver la réponse à cette question, car les deux hommes sont arrivés au pouvoir avec des projets bien différents exigeant des stratégies inégales.
La réalité est que tous les deux voulaient la même chose, mais ils s'étaient engagés dans un dialogue de sourds pour mieux tirer leurs marrons respectifs du jeu. Devenus volontiers des substituts de René Préval, prenant l'engagement de continuer ses basses œuvres, dans le dossier Haitel, ils n'-avaient jamais l'intention de parler d'une seule et même voie, ni d'agir d'un commun accord. Aujourd'hui, les deux hommes ne savent au juste dans quelle direction se diriger avec le butin. Car tous deux veulent l'emporter tout seul. D'où cette méfiance qui s'installe entre eux.
Suite aux révélations faites par Haïti-Observateur exposant le projet de « vente » (encatimini ?) de la Haitel par l'État haïtien, Laurent Lamothe crie à la « diffamation » accusant Léo Joseph et l'hebdomadaire d'avoir diffusé des mensonges contre lui.
Afin que nul n'en prétexte ignorance, les faits initialement exposés sont les suivants : En Haïti, le directeur de la DGI avait, dans un premier temps, averti que la Haitel a été « mise sous séquestre »; elle est « désormais placée sous le contrôle de l'État haïtien ».Entre-temps, à l'étranger, le Premier ministre Lamothe et ses affidés, surtout le consul général d'Haïti à New York, Charles Forbin, négociaient avec un représentant d'un acheteur potentiel, une société basée aux États-Unis, la North Citadel. Le prix de vente de la Haitel a été fixé à 25 millions$; l'agent de l'acheteur a été mis en demeure de verser un acompte de plusieurs centaines de milliers de dollars. Le représentant de la société acquéreuse s'est entendu demander d'effectuer un dépôt fiduciaire à Port-au-Prince de quelque 10 millions. Il a été aussi rapporté par Haiti-Observateur que, ayant pris connaissance du dossier de la Haitel et de l'imbroglio qui reste à démêler entre l'État haïtien et Franck Ciné, il s'est rendu à l'évidence qu'un tel achat serait au mieux une entreprise hasardeuse. Aussi a-t-il pris des dispositions de sursoir aux négociations.
Immédiatement après ces révélations, le directeur général de la DGI, Jean-Baptiste Clark Neptune, a inspiré un article dans le quotidien Le Nouvelliste (édition du lundi 20 août) dans lequel il déclarait que «La phase de vente de la compagnie n'est pas encore lancée ».
En clair, donc, le directeur général de la DGI mène l'action légale sur le terrain, en Haïti, alors que le Premier ministre assume l'opération de vente à l'étranger. Les questions posées antérieurement à M. Lamothe restent jusqu'ici sans réponses, à savoir, si une opération de vente n'est pas lancée pourquoi entrer en pourparlers avec la North Citadel jusqu'à exiger et encaisser plusieurs centaines de milliers de dollars en guise d'avaloir ? Si ces fonds ont été touchés, quelle institution de l'État a effectué l'encaissement ? En sus, comment l'acquéreur potentiel a-t-il pu sortir le prix de 25 millions de son chapeau ? À la lumière des faits, tout au moins des négociations étaient encours autour de la vente de la Haitel. Assurément, dans aucune transaction, l'acheteur n'a pas le privilège de fixer le prix de vente. C'est la prérogative exclusive du vendeur. Par contre, une fois le prix exprimé, alors l'acheteur est habilité à faire un « juste prix », le souci du marchandage oblige.
Or, si Laurent Lamothe menait unilatéralement les négociations avec le représentant de North Citadel, c'est une autre paire de manches. Même un Premier ministre est obligé de comparer les notes avec les autres institutions du gouvernement, dans le cadre d'une affaire aussi délicate. Le fait de n'avoir communiqué les négociations aux autres responsables du gouvernement n'écarte pas la notion d'une vente en gestation et ne fait point un menteur de ceux qui donnent ces informations. Tout compte fait, les préoccupations de Laurent Lamothe sont ailleurs.
Le doute s'installe entre le président et son Premier ministre
N'étant pas dans le secret des Dieu, il n'est pas possible de connaître les moindres détails relatifs aux dialogues qui se sont déroulés entre le président Martelly et Laurent Lamothe, dans le cadre de la vente de la Haitel. On sait, par contre, que le doute s'est installé entre les deux amis et associés. En effet, Laurent Lamothe rend Michel Martelly responsable des révélations faites dans Haïti-Observateur concernant cette transaction. Selon lui, le président voulait le livrer à la fureur des critiques. Car les passions suscitées par l'affaire Haitel exposent tous les acteurs à la hargne de ceux qui sympathisent avec Franck Ciné et sa famille.
Mais une autre version des faits est véhiculée dans l'entourage du Premier ministre. Il semble que la famille Ciné compte des amis qui évoluent dans l'orbite même du chef du gouvernement. Ces derniers font état des ennuis que M. Lamothe connaît avec la première dame, qui l'aurait accusé d'avoir tenté de marginaliser le président dans l'affaire Haitel, parce qu'il a des velléités de prendre possession de la compagnie.
Entre-temps, dans l'entourage de Sophia Martelly, le Premier ministre est pris à partie pour les négociations secrètes qu'il a menées autour de la vente de la compagnie de Franck Ciné, sans en informer le chef de l'État.
De toute évidence, il paraît que Laurent Lamothe détient toutes les cartes. S'il a pu porter Clark Neptune à intervenir en son nom pour faire accréditer la version selon laquelle le processus de vente de la compagnie de la famille Ciné n'a pas encore été lancé, il a encore les possibilités d'utiliser les fonds de l'État pour déformer la vérité.
Tout compte fait, Laurent Lamothe a de bonnes raisons de tenir la dragée haute au président Martelly, dans l'affaire Haitel, parce qu'il a un agenda caché
Léo Joseph
Haiti-Observateur
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