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Rejeté par le parlement en 2013, décrié en 2015, Tèt Kale revient en 2017 avec son budget “criminel”

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" Budget criminel" : c’est en ces termes que le Sénateur Steven Benoit avait présenté le budget soumis au parlement par Wilson Laleau, le ministre des finances de l’équipe tête Kale en 2013.  Largement  décrié dans la population,   le Sénat l’avait rejeté 7 voix contre, 6 pour et 4 abstentions. Les droits des passeports, les taxes sur l’abattage des animaux de boucherie, l’impôt sur les revenus, l’impôt locatif et les redevances sur les propriétés non-bâties ainsi que de nombreux ajustements de tarifs douanier avaient été les raisons évoquées par les Sénateurs.

 
En 2015, Wilson Laleau récidivait avec un nouveau budget tout aussi décrié et qui n’avait jamais pû être voté pour les mêmes raisons. A titre d’exemple, selon les nouvelles dispositions en vigueur dans le budget 2015, les usagers devaient désormais  retirer leur permis de conduire au prix de 2000 ou 3000 gourdes, selon le type de permis, contre 1000 gourdes les années précédentes et le prix d’un timbre pour un passeport était passé de 1600 gourdes à 3 000 gourdes.
 
Wilson Laleau, l’homme des 400 000 emplois, des micro-parcs  qui n’ont jamais vu le jour  et  du Centre financier de la Gônave persiste et signe dans l’utopie et l’incompétence avec un budget dont les ressources nationales augmentent de 30%, sans stratégie de croissance économique. Ce budget 2017-2018 « surévalué », estimé à 144 milliards de gourdes, est donc la copie conforme et encore bien plus criminelle que les budgets de 2013 et 2015.  Une fois de plus, les plus pauvres et la diaspora sont  choisis pour payer, en lieu et place des réformes administratives et fiscales qui risquent de fâcher les amis du secteur privé du pouvoir Tèt Kale. Dans ce nouveau budget,  la taxe pour l’obtention de passeport est de 2,500 gourdes pour les mineurs et de 6,000 gourdes pour les personnes majeures.  
 
L’article 17 précise que « les demandes de service ci-après énumérées, adressées à l’administration publique sont désormais assujetties à la présentation d’un certificat de déclaration définitive d’impôts : Timbre et livraison passeport, plaques d’immatriculation de véhicules, permis de séjour, Enregistrement de titres de propriétés et de suretés mobilières, demande de franchise et de subvention, Passation de contrats entre l’Etat et prestataires de service, Assurances Véhicules Contre Tiers, Légalisation de pièces : Patente, impôt locatif, Fermage et loyer de biens du domaine privé de l’Etat.
 
Les personnes dont le domicile fiscal est situé en dehors d’Haïti devront fournir la preuve qu’elles sont en règle avec l’administration fiscale de leur pays de résidence et payeront un impôt minimum forfaitaire de dix mille (10.000) gourdes.
 
Il en est de même pour tout citoyen haïtien vivant dans le pays pour qui ce budget prévoit qu’ : « En aucun cas, l’Impôt sur le Revenu sur la base forfaitaire ne peut être inférieur à  Dix mille (10,000) gourdes.
 
Les chômeurs ne sont pas oubliés, car la Carte d’identité fiscale (NIF) obligatoire pour tout service avec l’administration passe de 50 à 250 gourdes. Elle est de mille (1000) gourdes pour tout salarié.
 
Si jamais, le parlement cédait cette fois, car beaucoup davantage lui est octroyé dans ce présent budget, l’Etat s’endettera davantage avec des dépenses qui ne seront jamais couvertes. Tandis que la proposition de salaire minimum des ouvriers de la sous-traitance n’augmente que de 11.6%, le budget d’investissement du Parlement augmente de 100% passant de 700 millions à 1.5 milliard de gourde, et  son budget de fonctionnement augmente de 45% passant de 3.8 milliards à 5.6 milliards de gourdes. Ce qui veut dire que le budget de fonctionnement alloué aux 150 élus du Parlement est de 4 fois supérieur au budget de l’Université d’Etat d’Haïti qui accueille environ 30,000 étudiants. Ces 150 élus du Parlement à eux seuls engloutissent l'équivalent de la moitié du budget de fonctionnement  du ministère de l’éducation qui compte plus de 30,000 enseignants et dépassent le budget de fonctionnement du ministère de la santé.  Le Parlement pourrait même atteindre les 7 milliards si les 144 milliards de projection se réalisent selon les simulations à la page 32. La Présidence de son coté augmente son budget de fonctionnement de  33% passant 1.2 milliard à 1.6 milliard de gourdes. En résumé, après avoir jeté des miettes aux enseignants et aux ouvriers de la sous-traitance, l’équipe Tèt Kale (exécutif et législatif) se prépare à festoyer avec sa caravane. Plus de 8 milliards de gourdes sont disponibles à cet effet dans "Autres Interventions Publiques", cette caisse noire utilisée par tous les gouvernements et qui échappe à tout contrôle.
 
Pour cela, la BRH devrait accepter de faire de la politique partisane en lieu et place de la politique monétaire en finançant ces arnaques que représentent  les 10 milliards de gourdes prévus  au titre des bons spéciaux de la diaspora pour la technologie, le fameux fonds de syndication ou encore le fonds imaginaire de solidarité inter-haïtienne. Ce n’est pas impossible, car une certaine presse y trouve aussi son compte et se prépare déjà à soutenir ce nouveau budget “criminel”.
 
En conclusion, les pauvres et la diaspora devront une fois de plus financer le train de vie des politiciens et du secteur privé Tèt Kale. Jovenel Moïse et son gouvernement hypothèquent grandement l’avenir d’Haïti.
 
Sam Elie
11 juillet 2017

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