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Economie

Vulnérabilité d’Haïti à la sécheresse

erich-jean-reneJean Erich René
Ing. Agronome
Port-au-Prince le 4 août 2012

Les nouvelles tendances climatologiques accusent une augmentation graduelle de la température en Haïti. D’où la variabilité déconcertante des pluies soldée par une diminution des précipitations, une augmentation de la fréquence de l’intensité des événements et une sécheresse implacable.

Les statistiques révèlent que de 1900 à 2008 Haïti a été frappé par 10  sécheresses. Nos inquiétudes dérivent du fait que leue occurrence devient plus fréquente puisqu’elles se répètent à un intervalle de 5 à 7ans. En 1992 la sécheresse avait affecté plus d’un million de personnes. Cependant entre 1980 et 2008 plus de 2 millions ont été  victimes.
Exception faite du Tremblement de Terre du 12 janvier 2010, les cataclysmes  naturels qui ont frappé Haïti de 1980 à 2010, compte tenu du nombre de personnes affectées, peuvent être classés ainsi :

  • Sécheresse : 380.000
  • Cyclones : 220.500
  • Inondations : 16.700
  • Glissements de terrain : 1.060

Comment expliquer la fréquence de la sécheresse en Haïti ?

En raison de certains facteurs géographiques et climatologiques la sécheresse est plus fréquente en Haïti dans certaines régions du pays telles que le Nord-ouest en particulier.

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En partant de Pointe Corridon non loin d’Anse Rouge pour arriver jusqu’à Port-de-Paix le Chef-lieu de ce Département, il est aisé de relever la nature désertique d’une cartographie  avec certains ilots de verdure très productifs en s’approchant de Jean Rabel, Mare Rouge, Bombardopolis. En traversant Rivière Kola, Guinaudée et la Saline avant d’atteindre la Baie des Moustiques notre attention est grande sollicitée par le paysage lunaire d’une vaste étendue de terre improductive.

Cette sécheresse qui s’abat sur cette zone particulière du Nord-ouest d’Haïti que les Valparésiens ont étiqueté avec raison Far West s’explique par la proximité du Canal du Vent dont la turbulence est particulièrement due par la présence de l’Équateur, cette ligne qui coupe le globe terrestre entre deux hémisphères. Soulignons que c’est aussi l’autoroute du Soleil et le berceau des cyclones. D’où la présence des vents violents dans la partie occidentale de l’Ile d’Haïti entrainant une pluviométrie faible et par ricochet une sécheresse endémique. D’autres endroits  d’Haïti en sont aussi affectés, citons le côté Ouest de l’Ile de la Gonâve et la Région de Savane Désolée près des Gonaïves. Une image vaut mieux que mille mots dit-on. Pour une meilleure saisie des données voici en hachuré les zones  à risques :

Page source de l'image : http://www.mde-h.gouv.ht/etude/carte.htm

Localisation des écosystèmes secs en Haïti

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Source : Girault, 1985, ANDAH, 1994    

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Source : Girault, 1985, ANDAH, 1994    

L’un des aspects les plus visibles et les plus hideux de la sécheresse c’est la dessiccation complète du sol provoquant son cracking ou craquage. La présence de ses takirs exprime son infertilité à cause de l’absence complète d’eau. En effet, aucune semence ne peut germer dans un milieu aussi aride et hostile à la manifestation de la vie. En plus des facteurs climatiques naturels, mentionnons aussi les problèmes de dégradation  de notre environnement :
secheresse

  • Érosion des sols suite au déboisement accéléré de nos pentes
  •  La surculture des terres arables

Le cycle de sécheresse dans le Nord-ouest s’est grandement raccourci. Actuellement on l’estime à moins de 5 ans. Dans le reste du pays on l’évalue entre 5 et 7 ans.
La famine et la malnutrition sont les conséquences directes de cette

 désertification de l’espace cultivable des régions qui en souffrent. Souvent la presse rapporte, à tort ou à raison que les victimes sont forcées à se nourrir de galettes d’argile. Les politicailleurs en profitent

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pour tirer à boulets rouges sur les responsables nationaux qui ne sont pas aussi prévoyants que la fourmi afin de contrecarrer cette période de disette attribuable à la vulnérabilité de l’environnement d’Haïti

Port-au-Prince le 4 août 2012