Economie
Une investigation sur l’exploitation des mines d’or d’Haïti fait des vagues au niveau international
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Une investigation journalistique sur les ressources minières haïtiennes, qui révèle que les richesses risquent de ne pas être utilisées au bénéfice de la nation, a retenu l’attention des autorités haïtiennes et de milliers de personnes à travers les médias en Haïti, en Europe et dans toutes les Amériques.
« Ruée vers l’or en Haïti – Ki yès k ap vinn pi rich ? », publié le 31 mai 2012, a interpellé le premier ministre haïtien Laurent Salvador Lamothe qui a accordé à CBC – « The Current », une longue entrevue sur le sujet le 25 juillet dernier. Il promet « de trouver de meilleurs accords possibles » sur les mines qui pourraient être exploitées en Haïti.
Réalisée par le partenariat journalistique Ayiti Kale Je (AKJ) (dont fait partie AlterPresse), l’enquête a duré dix mois et a été conduite par une équipe composée de journalistes, de membres de radios communautaires et d’étudiants de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH). Le produit final constitue une série de cinq articles, un documentaire audio de 50 minutes, ainsi qu’une vidéo documentaire qui sera projetée le samedi 4 août 2012 à 4h PM à la FOKAL, 143 Ave. Christophe, Port-au-Prince.
Avant la sortie de l’investigation de AKJ, les seuls articles qui existaient avaient traité de l’aspect anecdotique des richesses minières haïtiennes. Les différents articles avaient abordé uniquement les profits qu’Haiti pourrait tirer de ces richesses et avaient ignoré les risques encourus.
Ils n’avaient pas mentionné les accords en négociation secrète, la quantité de terres déjà en possession des compagnies, et comment le niveau de redevance haïtienne sur les mines – fixé à 2.5 pourcent – représente l’un des plus bas dans le monde. (Une redevance est le pourcentage tiré sur la valeur des minerais. La redevance représente une des sources de revenus dont peut profiter une nation.)
Grace à l’investigation, deux mois après la sortie des articles, plusieurs médias ont parlé de la « ruée vers l’or » potentielle en Haïti qui pourrait aller seulement au bénéficie de grandes compagnies et avoir de grandes répercussions sur l’environnement. C’est l’une des raisons expliquant l’intérêt manifesté par la presse nationale et internationale, à tel point que le chef du gouvernement haïtien s’est vu obliger de faire des mises au point dans le programme audio « The Current ».
M. Lamothe, qui s’exprimait en anglais, a promis que son gouvernement va « négocier de meilleurs accords possibles », parce que son rôle « est de négocier en faveur de l’Etat haïtien ».
Dans cette interview [lien en fin d’article], Lamothe dit admettre que la redevance minière prévue est dérisoire, tout en promettant que son gouvernement va se battre pour trouver davantage.
« Jusqu’à présent, nous demandons environ 12 pourcent », a dit Lamothe. « L’Etat ne signera aucun accord pas avant une entente avec les compagnies sur les redevances nécessaires ».
Lamothe ajoute qu’il s’assurera que « les soucis des agriculteurs soient adressés » sur l’utilisation de l’eau et les risques environnementaux des mines.
A part de « The Current », plusieurs autres médias internationaux ont utilisé les résultats de l’enquête.
Democracy Now !, un programme de télévision, de radio accessible à travers le monde sur Internet, a réalisé un reportage spécial. Le journal The Guardian en Angleterre a publié un article. L’agence internationale Inter Press Services a traduit un article résumé en Espagnol et en Portugais. Al Jazeera English, une chaine de télévision internationale disposant d’un site Web faisant partie du « Top 200 des sites web les plus visités dans le monde », a fait un reportage basé sur le travail de AKJ.
Aux Etats-Unis, au niveau audio, American Urban Radio Network, Free Speech Radio News et plusieurs autres programmes, incluant émissions haïtiennes en créole, ont utilisé la version audio ou du moins ont fait des travaux basés sur l’investigation. Sur le Web, plus de 12 000 utilisateurs ont déjà visionné la vidéo de la version anglaise.
Au niveau national, dans la presse écrite et numérique, « Ruée vers l’or » a été publié en entier en anglais et en français dans le journal Haïti Liberté. La version française a été également publiée sur le site de l’agence en ligne AlterPresse et de la Société d’animation et de communication sociale (SAKS), tous partenaires d’AKJ, et sur plusieurs sites et blogs. La vidéo a été diffusée sur Telemax également.
Dans la presse parlée haïtienne, la version audio en créole, sortie le 20 mai, est en rotation sur les ondes de Radio Kiskeya, sur plus d’une quarantaine de radios locales et communautaires haïtiennes, et Radio Magic 9 en a parlé et interviewé un responsable sur les résultats de l’investigation.
La série d’articles, vidéo et audio est disponible pour téléchargement sur le site http://www.ayitikale.org.
La vidéo sera aussi projetée le 4 août, à 4hPM, à FOKAL. Dans le documentaire, AKJ traite la question de l’exploitation minière dans le Nord d’Haïti. La « ruée vers l’or » qui se dessine peu à peu depuis quelques années dans le pays, promet de rapporter des bénéfices de quelque 20 milliards de dollars américains. Où cet argent ira-t-il ? À qui profitera-t-il ? Quels seront les coûts sociaux et environnementaux ?
En plus de la vidéo d’AKJ, seront aussi projetés, des extraits de documentaires réalisés sur la question minière au Pérou, pays de l’Amérique du Sud en proie à une situation similaire.
Des projections qui seront suivies de discussions sur les enjeux et dangers en Haïti et en Amérique latine avec comme panélistes, un journaliste de AKJ, l’avocate Maria-Elena Kolovos collaborant avec un collectif d’organisations haïtiennes suivant les activités des mines, et de Camille Chalmers, Directeur de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda). [akj apr 02/08/2012 12 :50]
[Pour en savoir davantage, lisez la série - http://bit.ly/HaitiGold]
Liens pour regarder, lire ou écouter la couverture internationale :
CBC (audio) - http://www.cbc.ca/thecurrent/episod...
The Guardian (text) – http://www.guardian.co.uk/global-de...
Democracy Now ! (video) - http://www.democracynow.org/2012/5/...
Al Jazeera (video) – http://blogs.aljazeera.com/blog/ame...
Inter Press Service (text, plusieurs langues) -
http://www.ipsnoticias.net/nota.asp... ,
http://www.tierramerica.info/nota.p... ,
http://www.ipsnews.net/2012/06/hait...
Résumé des révélations :
• Près de 3 885 kilomètres carrés du territoire haïtien, soit 15 pour cent de tout le pays, sont déjà sous une licence de recherche, d’exploration ou d’exploitation, ou sont soumises à une convention contrôlée par des firmes américaines et canadiennes.
• À elle seule, l’Eurasian Minerals, une des firmes en question, a prélevé 44 000 échantillons.
• La Newmont Mining, deuxième producteur d’or au monde et qui exploite la plus grande mine en Amérique, a largement investi auprès d’Eurasian et envisage la possibilité d’exploiter au moins cinq sites miniers.
• L’ancien ministre haïtien de l’économie et des finances travaille aujourd’hui comme consultant pour la minière Newmont.
• Deux ministres haïtiens ont récemment signé avec Newmont et Eurasian un « protocole d’entente » selon lequel – et en violation de la loi haïtienne – les compagnies peuvent commencer le forage dans un des sites en exploration. Or, la loi haïtienne stipule qu’aucun forage ne peut être entrepris sans une convention minière.
• Équipée d’une poignée de véhicules et de quelques de géologues, l’agence d’État, n’a pas les moyens de superviser les opérations de forage et de recherche en cours au nord du pays.
• Personne ne semble enclin à parler aux communautés de ce qui se passe dans le Nord et des ententes conclues derrière des portes closes.
Ayiti Kale Je /AlterPresse