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Haiti-Observateur: La valse des millions continue: SUR FOND DE CRISE ÉCONOMIQUE ET DE DÉGRINGOLADE DE LA GOURDE

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Par Léo Joseph --- Les naïfs et les fanatiques aveugles donnent dans le panneau par rapport à la propagande gouvernementale proclamant une période de prospérité sous l'égide de Michel Martelly. Mais la réalité sur le terrain dit le contraire. Car, au moment où le président haïtien et ses acolytes dépensent millions sur millions avec frénésie, le pays est confronté à une crise économique sans précédent et la gourde continue sa dégringolade inexorablement par rapport au billet vert. Le président et ses proches investissent à fond dans l'immobilier, aussi bien que dans l'importation de véhicules de luxe. Les chantiers qu'ils animent à travers la capitale témoignent de la prospérité dont ils jouissent sur le dos du peuple haïtien.

En effet, les hommes et femmes proches du pouvoir donnent à fond dans la corruption, la contrebande, les pots de vin et d'autres activités illicites pour faire fortune en très peu de temps. Alors que la grande majorité place ses magots exclusivement dans des banques à l'étranger, d'autres ont ramassé les millions littéralement à la pelle, ce qui leur permet de posséder suffisamment pour effectuer des transferts régulièrement à leurs comptes en banque d'outre-mer, aussi bien que pour financer la construction d'immeubles et de villas luxueuses qui coûtent des millions.

Les grands bâtisseurs du régime Tèt Kale

La famille présidentielle, notamment Michel Martelly, sa femme et ses enfants, en sus du beau-frère du président, Kiko Saint-Rémy, auxquels s'ajoutent les proches de la première famille, forment ce qu'on appelle les grands bâtisseurs du régime Tèt Kale. Car au moment où les chantiers de l'État son fermés faute de moyens pour payer les compagnies chargées des constructions, les chantiers des millionnaires du régime rose bourdonnent comme des ruches.

À tout seigneur, tout honneur, le président Martelly vient en tête de liste pour avoir construit au moins trois luxueuses villas en moins de trois ans. On estime à USD 10 millions les investissements qu'il a effectués dans l'immobilier, sans compter ses placements dans l'immobilier d'affaires. Des sources crédibles font croire qu'il aurait fait bâtir une maison non loin de Miragoâne, qui a toutes les caractéristiques d'une station balnéaire. Il possède une autre sur la Côte des Arcadins dont la construction serait de date récente, soit un an au plus. D'autre part, l'ex-président de la Chambre basse, Jean Tolbert Alexis, qui représentait Croix des Bouquets à la Chambre basse, a révélé que le président Martelly a fait l'acquisition d'une chaîne d'hôtels en République dominicaine. Des sources dominicaines ont fait savoir que ces propriétés auraient été vendues pour plus de USD 12 millions$. Pour une famille qui avait dû quitter Miami en catastrophe, il y a à peine cinq ans, parce que le président et sa femme (Sophia Saint-Rémy) ne pouvaient plus payer les emprunts-logement sur les deux maisons que le couple possédait, les Martelly se portent bien, même trop bien, financièrement.

Olivier suit les brisées de son père

Le fils aîné du couple présidentiel suit les brisées de son père en fait d'investissement dans l'immobilier. Il a construit un immeuble de quatre étages à Pétion-Ville, qui s'appelle « Viscaya », et qui loge le restaurant du même nom qu'opère fiston Martelly.

Olivier Martelly a également fait l'acquisition de la maison, également située sur la Côte des Arcadins, qui appartenait au commissaire de police ayant pour nom Tchoupa, qu'il a fait rénover selon ses goûts et ses moyens. Autant qu'on sache, Olivier Martelly n'a aucune profession ou un quelconque emploi rémunéré, il doit avoir fait sa fortune au détriment de la caisse publique. N'avait-il pas été chargé par son père de gérer un budget de plus de USD 10 millions qui étaient affectés à la construction d'installations spor tives ? Ce qui lui a valu une poursuite judiciaire pour usurpationde titre et association de malfaiteurs intentée par les avocats Louis Newton Saint-Juste et André Michel. Reste à savoir quel pourcentage de ce budget a été investi dans la construction proprement dite de ces installations.

Kiko Saint-Rémy possède une maison aussi sur la Côte des Arcadins. Il en est de même pour d'autres proches de la famille présidentielle qui ont été autorisés à devenir les voisins de la première famille.

Pami diri ti-wòch goute grès

L'arrivée des Martelly et leurs alliés sur la Côte des Arcadins a fait le bonheur de nombreux résidents qui les y avaient précédés sans jamais avoir accès à l'eau courante. Avec le chef de l'État comme voisin, les choses ont changé : « Pami diri ti-wòch goute grès ». Le président a fait venir l'eau des Gonaïves jusqu'à cette localité, devenue une communauté habitée exclusivement par des millionnaires depuis qu'elle a été découverte par les Martelly.

Les résidents de la région de la Côte des Arcadins bénéficient d'un autre gros avantage en nature, grâce à la présence des Martelly parmi eux. Car une nouvelle route remplace l'ancienne, qui dépasse de loin la Nationale numéro 1.

Les frères Mayard-Paul parmi les grands bâtisseurs

Les frères Mayard-Paul, Thierry et Gregory, également proches de la présidence, se trouvent également sur la liste des grands bâtisseurs du régime Tèt Kale. Les frères Paul construisent leurs villas à Péguy-Ville (Pétion-Ville). Deux constructions impressionnantes dans ce quartier de Pétion-Ville, en face l'une de l'autre appartiennent à Thierry Mayard Paul, qui est le conseiller du président Martelly.

Son frère Thierry termine la sienne dans le même quartier.

On se demande par quelle acrobatie financière Thierry Ma yard Paul, qui gagne 150 000 gour des/mois arrive à financer des résidences évaluées à plus de USD 2 millions.

La corruption bat son plein sous Martelly

La corruption, qui s'est intensifiée depuis l'arrivée de Michel Martelly au pouvoir, continue dans toute sa beauté avec le fonds PétroCaribe et l'octroi de contrats de gré à gré aux partisans du président moyennant paiement de ristournes au Palais national.

Prenons le cas d'Anne Valérie Timothée Milfort, chef de cabinet du président Martelly et secrétaire général du Parti haïtien Tèt Kale. Elle gagne 120 000 gourdes par mois. Pourtant elle a acheté deux Land Rover coûtant USD 120 000 $ l'unité.

Selon des observateurs, un tel phénomène s'explique par le fait que son mari est devenu bénéficiaire de contrats en série concédés par Michel Martelly.

On apprend, en effet, que la fortune de Patrice Milfort, le mari de Mme Timothée-Milfort, qui est propriétaire de la compagnie «General Construction et Distribution» (LGC), spécialisée dans la confection de grands panneaux publicitaires, a changé. Subitement, l'entreprise de M. Milfort est devenue une société de construction bénéficiant d'une série de contrats totalisant près d'USD 50 millions $.

En effet, la LGC a décroché un contrat de construction à l'aéroport du Cap-Haïtien pour USD 20 millions $; celle de la Place Chavez pour USD 5 millions $; la gare routière de Miragoâne pour USD 8 millions $; l'immeuble central du Conseil électoral provisoire (USD 1 million $; et la construction d'une partie de l'aéroport de la capitale pour USD 13 millions $.

USD 250 000 décaissés pour construire une place coutant USD 30 000

Pour comprendre comment la présidence réalise ses millions aux dépens du compte PétroCaribe, il suffit de suivre les compagnies chargées d'exécuter les projets de l'État. La grosse part des fonds budgétisés à de telles fins est remise sous forme de ristournes à la présidence, soit directement au Pa lais national ou à la première dame. En pareilles circonstances, le président Martelly a ses propres clients, et Sophia à les siens. Chaque bourrique braie dans son pâturage.

Prenons, par exemple, le projet de construction d'une place publique à Petite Place Cazeau. Le projet est confié à Elsa Baussan-Noël et son équipe avec un budget d'USD 250 000 $. Celle-ci trouve une compagnie à qui est confiée l'exécution de l'ouvrage, pour un montant d'USD 30 000 $.

Théoriquement, il reste un montant d'USD 220 000 sur la somme décaissée pour effectuer les travaux. Alors les autres membres du comité responsable du projet avec Elsa Baussan se frottant leurs mains de satisfaction, arrivent pour le partage. Mais ils se sont entendus dire : « La président a besoin de l'argent ». À ces mots, les partenaires de Baussan- Noël ont vite plié leurs queues entre leurs pattes avant de vider les lieux, « sans bruit, sans compte ».

Aussi quand on entend que des compagnies obtiennent des contrats sans appel d'offre, on sait que moins de dix pour cent des fonds budgétisés pour ces travaux iront pour financer les projets. D'où la valse des millions générés par la corruption et financée par le fonds PétroCaribe.

Kiko collecteur de créances pour Sophia

Dans l'univers de corruption de la famille présidentielle haïtienne, Kiko Saint-Rémy, le beau-frère du président Martelly, joue un rôle clé. Car il a la responsabilité de collecter les créances pour sa sœur auprès des ministères et autres entreprises de l'État. Dans le cadre de ces responsabilités, il s'est trouvé aux prises avec le ministre de l'Agriculture, qui hésitait à lui remettre des fonds qu'il réclamait au nom de la première dame. En tout cas, c'est l'explication qui a été donnée, dans les milieux proches du Palais national, à la suite d'une altercation que Kiko Saint-Rémy a eue avec Fresner Dorcin.

On explique, en effet, que Saint-Rémy a rencontré M. Dor cin pour une question de crédit budgétaire au profit de Agri-Trans, la compagnie de Jovenel Moïse, un candidat à la présidence sous la bannière du parti Tèt Kale de Michel Martelly.

Selon les informations obtenues de sources proches de la présidence, le titulaire du ministère de l'Agriculture et des Ressources naturelles (MARNDR) aurait résisté à la demande du frère de la première dame de lui livrer les crédits budgétaires disponibles dans le portefeuille de son ministère.

Sur ces entre-faits, le titulaire de l'Agriculture aurait exprimé le désir de mettre le président au courant avant d'accéder à la demande de Kiko.

Mais, à bout de patience avec le ministre récalcitrant, Saint-Rémy aurait décidé de se jeter à bras raccourcis sur son interlocuteur à coups de poing et de gifles. Tout cela s'est passé dans le salon d'une maison privée, à la capitale, fait-on savoir.

On ne peut plus outragée, la femme de Fresner Dorcin lui a demandé de rendre son tablier. Mais le ministre a décidé de se taire, car craignant que pire ne lui arrive.

Dans le système de corruption mis en place par la famille présidentielle, la trajectoire des fonds reçus sous forme de ristournes est rendue délibérément alambiquée afin de dérouter, tout au moins de rendre difficile, toute enquête éventuelle. Aussi les valeurs destinées à Sophia Martelly ne serait pas versées directement à la première dame, mais à une autre institution qui lui sert de tampon. Dans ce cas spécifique, Agri-Trans serait le récepteur des fonds destinés à la femme du président.

Qu'il soit dit, en passant, que Jovenel Moïse sert de prête-nom au président Martelly pour réceptionner des fonds, aussi bien que pour les déposer à des comptes en banque sans éveiller de soupçon.

Source: Haiti-Oberservateur

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