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Les budgets exécutés en Haïti ne servent à rien, selon Labossière
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Le budget qui est un outil de politique économique, traduit, selon Eddy Labossière, l'ensemble des priorités d'un gouvernement. L'économiste ne voit pas le bien-fondé d'un budget qui ne permet pas au pays de passer d'un point A à un point B.
Le budget tel qu'exécuté en Haïti ne permet pas d'avoir de croissance ni de développement. C'est l'avis de l'économiste Eddy Labossière, regrettant qu'il n'y ait pas d'évaluation sur les impacts du budget. « A la fin de l'année fiscale, le budget ne permet pas de faire passer le pays d'un point A à un point B », indique l'économiste, intervenant sur une station de radio de la capitale. Pour lui, les budgets implémentés dans le pays depuis environ 40 ans ne permettent pas de tirer Haïti de son trou.
Dans un passé récent, M. Labossière dit que des budgets sont exécutés depuis les régimes des Duvalier. « Qu'est-ce que cela a changé ? », s'interroge le président de l'Association des économistes haïtiens. Il souligne que le pays s'enfonce de plus en plus dans la misère, que la production nationale diminue de plus en plus et que le pays importe de plus en plus. « Les budgets développent un parti pris pour l'importation », regrette Eddy Labossière, soutenant qu'il n'a pas l'impression qu'il y a des choses sérieuses qui se font dans le pays.
« Quelle est la place de la production nationale et la croissance économique dans les budgets ? », se demande l'économiste, soulignant que s'il n'y a pas de croissance économique, il n'y aura pas de réduction de la pauvreté. M. Labossière a fait savoir que l'économie haïtienne ne favorise pas la création d'emplois. « Il faut convertir le budget en un véritable politique économique », demande le professeur, regrettant que la plus grosse part du budget d'investissement vienne de l'international qui finance et exécute leurs propres projets dans le pays.
Eddy Labossière n'y croit pas
Dans le budget déposé par le ministère de l'Economie et des Finances à la Chambre des députés le 30 juin, le gouvernement prévoit de rentrer plus de 60 milliards de gourdes dans le Trésor public. Avec les mêmes hommes, le même entourage et les mêmes stratégies, le professeur Eddy Labossière ne croit pas que le gouvernement peut réaliser cet exploit. Dans l'exécution de l'actuel budget de finances, le gouvernement a du mal, selon M. Labossière, à prélever les 42 milliards prévus.
Ce qui pousse le président de l'Association des économistes haïtiens à se demande s'il y a une volonté politique pour combattre les fraudes fiscales, les contrebandes et le dumping fiscal. « Sur chaque 100 gourdes que le gouvernement devrait prélever, 60 gourdes sont perdues sous forme de corruption, de contrebande et de dumping », regrette M. Labossière, qui croit toutefois que cet objectif est réalisable. « Mais il faut de la volonté politique », insiste-t-il.
Eddy Labossière voit une bonne performance du ministère de l'Economie et des Finances en déposant le budget 2014-2015 à la Chambre des députés après seulement un mois et demi du dépôt du budget de finances 2013-2014. « Il faut aussi respecter les délais dans le domaine des finances », a-t-il indiqué, croyant que les députés qui exigent la loi sur les règlements – évaluation de la Cour supérieure des comptes sur les budgets passés – du budget 2013-2014 se sont trompés. « Le ministère ne pourrait pas présenter la loi sur les règlements du budget en cours », a fait remarquer l'économiste, admettant toutefois que la loi sur les règlements du budget 2012-2013 pourrait être présentée aux parlementaires.
Reconnaissant que l'évaluation d'un budget est un travail qui prend du temps, l'économiste Eddy Labossière explique que c'est la Cour supérieure des comptes qui est chargée d'évaluer le budget afin de voir si les principes de comptabilité publique ont été respectés dans le cadre de son implémentation.
Carlin Michel
Source: Le Nouvelliste