Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Economie

Des plantations détruites dans la plaine des Gonaïves

secheresse artibonite haiti touthaiti-1

Haïti-Sécheresse : Des plantations détruites dans la plaine des Gonaïves

Correspondance Exalus Mergenat

P-au-P, 23 avril 2014 [AlterPresse] --- La sécheresse, qui sévit depuis plusieurs mois dans le haut Artibonite, affecte sévèrement les plantations des paysans planteurs dans la plaine des Gonaïves, observe l'agence en ligne AlterPresse.

Alors que 16 des 39 stations de pompage, utilisées pour l'irrigation dans la plaine des Gonaïves, sont en panne depuis plusieurs années, pas une goutte de pluie n'est tombée sur la zone depuis environ 8 mois (août 2013).

Cette situation a de graves conséquences sur les plantations des paysans planteurs de diverses localités de la plaine des Gonaïves, dominée par la culture maraîchère.

En plus des jardins de légumes qui sont en berne, des plantations de maïs, d'aubergines, de tomates, de sorgho (petit-mil), d'oignons et de poireaux sont quasiment détruites par la sécheresse qui s'abat sur le haut Artibonite.

Les paysans mécontents

Cette situation a soulevé le mécontentement des paysans planteurs de la plaine des Gonaïves qui, en début de la semaine dernière, ont organisé une manifestation de rues.

Ils ont dénoncé les responsables du ministère de l'agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr) qui n'auraient manifesté aucune volonté de faire réparer les pompes d'irrigation.

« La production nationale n'est pas une priorité pour les autorités haïtiennes. Sinon, elles prendraient des dispositions pour envoyer des techniciens réparer les stations de pompage, indispensables à l'irrigation dans la plaine des Gonaïves », déclare le planteur Frantz Cajuste, soulignant combien sa vie ainsi que celle de sa famille dépendent de l'agriculture.

Interrogé par AlterPresse, le président de la fédération des planteurs irrigants de la basse plaine des Gonaïves (Fepibgo), Luc Rosemond, fustige l'attitude du ministère de l'agriculture envers les paysans planteurs.

« Les planteurs de la plaine des Gonaïves sont livrés à eux-mêmes. Ils n'ont jamais reçu d'aide des autorités du ministère de l'agriculture, ni aucun accompagnement », s'insurge-t-il.

En plus des pompes qui sont en panne, les canaux d'irrigation dans la plaine ne sont pas curés, déplore Rosemond, ajoutant que la solution est dans la distribution de semences et d'outils agricoles aux planteurs.

La fédération des planteurs irrigants de la basse plaine des Gonaives (Fepibgo) annonce toute une série d'actions de mobilisation, visant à forcer les autorités à résoudre les différents problèmes, auxquels sont confrontés les paysans planteurs.

L'incroyable appel à se résigner

Le directeur du bureau agricole communal des Gonaives (Bac), Renaud Géné, lance, de son côté, un appel au calme, tout en annonçant des mesures pour compenser les pertes enregistrées pendant la campagne agricole d'hiver (décembre 2013 à mars 2014).

« Des dispositions seront prises pour leur permettre d'accéder aux semences adaptées à la sécheresse et à un prix subventionné », promet le directeur du Bac, sans préciser de délai.

La sécheresse, prolongée sur le haut Artibonite et liée aux effets du changement climatique, aurait également rendu dysfonctionnel au moins huit pompes d'irrigation dans la zone, informe Géné.

Le ministère de l'agriculture n'aurait pas la capacité technique de donner immédiatement une réponse à cette situation.

« Le processus de réparer ou d'acheter une pompe d'irrigation n'est pas toujours facile. En Haïti, nous ne fabriquons pas de pompes. Quand nous faisons la commande à l'étranger, cela prend toujours du temps », explique le président du Bac.

« S'il s'agissait d'inondations, les planteurs accepteraient de perdre leurs récoltes. Ils doivent aussi accepter cette situation qui n'est pas différente d'une catastrophe naturelle », recommande Renaud Géné.

La sécheresse qui frappe le haut Artibonite et plusieurs zones du pays, a entraîné une crise alimentaire dans le département voisin du Nord-Ouest.

143 mille personnes y sont officiellement affectées.

Source: Alterpresse
mercredi 23 avril 2014

A Lire Aussi: