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Michel Martelly veut éliminer l'industrie privée naissante de fourniture d'électricité en Haiti

edh-accord-haiti-dominicanieLe ministre haïtien chargé de l'énergie, René Jean-Jumeau à G. et le directeur dominicain de la Commission nationale de l'énergie, Enrique Ramirez

Dans tous les pays sous-développés la défense des industries naissantes est l'une des fonctions fondamentales des responsables gouvernementales qui aspirent à renforcer les bases infrastructurelles d'une économie nationale en pleine mutation.

En Haiti, ce n'est pas ce que nous constatons depuis l'arrivée du régime Martelly Lamothe. Au lieu d'aider les paysans des plaines capables de développer la culture rizicole, l'équipe de Martelly Lamothe a choisi d'importer massivement le riz de l'un des plus grands producteurs de riz du monde, le Vietnam. La même politique destructrice s'étend aujourd'hui à la jeune industrie naissante de fourniture privée d'énergie électrique en Haiti.

En signant cet accord d'interconnexion avec les Dominicains le régime Martelly Lamothe vient de signer l'arrêt de mort des entreprises E-power, Haytrac et Sogener .

Rappelons que les Dominicains ont 3000 megagwatts installés et ils continuent à construire d'autres usines tandis que  Haiti n'a que 256 mégawatts. Donc les possibilités de croissance sont énormes pour rattraper les dominicains et surtout créer des emplois en Haiti.

Mais où est donc le plan développement énergétique de ce gouvernement ?

Toute tentative d'investissement dans ce domaine se trouve donc bloquer. Car, il n'y a pas moyens de développer ce secteur industriel sans l'aide et le support de l'état comme cela se fait dans les autres pays qui ont adopté ce modèle. L'autre option c'est le recours aux institutions de financement internationales comme ce fut le cas pour E-power.

Le couple Martelly Lamothe après avoir favorisé la mise en place du monopole de la digicel dans le secteur de la téléphonie cellulaire vient de tuer le secteur de la fourniture d'électricité privée.

Les investisseurs intelligents vont plutôt investir dans l'industrie de la fourniture d'électricité de l'autre coté de la frontière car notre voisin est plus stable et ces entrepreneurs bénéficieront de coût moins élevés dus au volume de production (économie d'échelle) et les avantages incitatifs que le gouvernement dominicain plus intelligent et nationaliste que le nôtre va accorder à ce secteur de leur économie.

En plus d'avoir les clefs de notre cuisine et notre ventre les dominicains contrôlerons l'énergie qui fera mâché notre économie.
La dépendance sera maintenant absolue si le peuple haïtien ne prend pas les dispositions nécessaires pour stopper ce régime.

Maintenant nous pouvons nous interroger sur l'objectif des pots de vins donnés à Michel Martelly par le sénateur Bautista lors des élections et même après les résultats des élections de Michel Martelly.

Tout Haiti,

Tout Haiti vous invite à lire cet article de Roberson Geffrad du Nouvelliste :

Electricité : La solution dominicaine se précise

Un premier accord pour l'interconnexion électrique entre Haïti et la République dominicaine a été signé mardi à Santo Domingo. Le ministre haïtien chargé de l'énergie, René Jean-Jumeau, qui a paraphé le document conjointement avec le directeur dominicain de la Commission nationale de l'énergie, Enrique Ramirez, a confié au Nouvelliste que cette entente vise à améliorer le système électrique du pays

Le gouvernement cherche des voies et moyens pour ressusciter l'Electricité d'Haïti (ED'H). Seulement 30% de la population haïtienne a accès à l'énergie électrique. Alors que la République dominicaine dispose actuellement d'environ 3 000 mégawatts et elle continue de construire d'autres centrales électriques, Haïti ne dispose que des installations pouvant fournir 256 mégawatts. Trois fournisseurs privés ajoutent au total 88 mégawatts dans le réseau national.

Il faut apprendre de la République voisine. C'est ce qu'ont compris les autorités haïtiennes en paraphant, mardi, à Santo Domingo, une entente visant à améliorer notre système d'électricité, a confié au Nouvelliste le coordonnateur du comité multisectoriel pour la sécurité alimentaire et ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'énergie, René Jean-Jumeau. « Nous espérons que nous pouvons nous inspirer de leur développement dans le domaine afin d'améliorer notre situation », a-t-il dit.

L'entente signée vise à créer une sous-commission en énergie dans la commission binationale pour travailler sur les questions liées à l'électricité, se positionner de manière synergique dans la région par rapport aux autres pays de la zone, a expliqué le ministre. M. Jean-Jumeau, qui n'a pas voulu préciser clairement si Haïti va acheter de l'électricité directement en République dominicaine.

L'interconnexion des deux pays est en discussion depuis plusieurs années, a-t-il dit, soulignant que ce n'est pas quelque chose qui va se faire du jour au lendemain. « Mais cela reste une question ouverte», a-t-il ajouté. On a intérêt à calmement penser à cela afin que nous puissions trouver les meilleurs avantages pour les deux pays. »

Selon les explications du ministre Jean-Jumeau, joint au téléphone par le journal depuis Santo Domingo, cette signature entre les deux pays permet d'arriver très bientôt à un véritable accord. Le document final est en préparation dans la section juridique de la Commission nationale de l'énergie (CNE) en République dominicaine. Il sera transmis aux autorités haïtiennes pour être sanctionné et modifié si nécessaire et ce n'est qu'après qu'il sera accepté par les deux pays et ratifié. Donc, pour l'instant, il s'agit d'une entente pour préparer l'accord, a-t-il souligné.

Contacté par Le Nouvelliste sur la signature de cette entente, le directeur général adjoint de l'Electricité d'Haïti, Dukens Raphael, a fait savoir qu'il n'était pas au courant de ce dossier. Le journal a tenté en vain d'entrer en contact avec les Travaux publics, ministère de tutelle de l'ED'H.

Réactions de certains connaisseurs dans le domaine de l'électricité

Des voix autorisées dans le domaine ne voient pas très bien qu'Haïti entre dans la logique d'aller acheter de l'électricité en République dominicaine. « Je ne pense pas que c'est quelque chose de souhaitable pour le pays. Etant indépendant, Haïti ne doit pas dépendre d'un autre pays, surtout pour un produit aussi important que l'électricité », a réagi un franc connaisseur dans le domaine.

« Va-t-on le faire sans appel d'offres ? Ce contrat sera basé sur quoi ? Les compagnies privées en Haïti peuvent fournir beaucoup plus que ce qu'elles offrent aujourd'hui. Pourquoi ne pas leur demander d'augmenter leur capacité ? Il faut permettre à ces entreprises de se développer », poursuit un autre connaisseur interrogé par Le Nouvelliste.

Les fournisseurs privés de l'ED'H ne devraient pas avoir d'inquiétude en ce sens, a garanti René Jean-Jumeau, soulignant qu'un fournisseur de plus ne devrait pas paniquer ceux qui travaillent déjà sur le terrain. En revanche, a-t-il souligné, cela augmentera la compétition et permettra d'améliorer le prix de l'électricité.

Selon lui, le problème que le pays a au niveau de la sécurité énergétique, notamment de l'électricité, c'est tout d'abord la disponibilité. Il faut une plus grande capacité, ensuite rendre accessible le produit avec un réseau qui couvre le territoire. « Il faut un meilleur coût pour que la population puisse bénéficier d'un meilleur prix. Puis, il faut une meilleure structure tarifaire afin de promouvoir l'investissement et la création d'emplois », a-t-il dit dans une interview accordée au journal la semaine dernière.

Il ne s'agit pas d'être totalement dépendant de nos voisins en énergie électrique, a souligné le ministre. Stratégiquement, ce ne serait pas correct... L'Etat haïtien n'a pas encore établi la quantité de mégawatts qu'il compte acheter de l'autre côté de l'île. Mais, selon M. Jean-Jumeau, cette proportion devrait se situer entre 10 et 20% de notre consommation. Et il faudra construire une ligne à haute tension traversant la frontière et dont le coût, qui peut être élevé, reste à déterminer.

En 1998, les Dominicains ont opéré une importante réforme dans leur système d'électricité, ce qui leur a permis d'avoir un secteur mixte public-privé à ce niveau. Aujourd'hui, ils ont une capacité d'environ 3 000 mégawatts et ils sont en train de construire d'autres centrales éoliennes. D'ailleurs, le ministre René Jean-Jumeau prendra part mercredi à l'inauguration d'une première partie d'un parc éoliene en République voisine.

C'est pour bénéficier de ces grandes réformes en énergie que l'entente entre les deux pays a été signée. Il y a tout un ensemble d'avancées en énergie qu'Haïti doit s'inspirer des Dominicains, comme le développement du gaz propane et l'énergie éolienne, a soulignè le ministre.

Rien que l'année dernière, le Trésor public a injecté 200 millions de dollars dans l'Electricité d'Haïti (ED'H). Un chiffre qui fait peur, a reconnu le ministre Jean-Jumeau. Selon lui, la solution, c'est de produire plus d'électricité pour moins d'argent afin de réduire les coûts de production. Ce qui, a-t-il dit, permettra d'attirer l'investissement et de favoriser la croissance économique du pays, ce que cherche le gouvernement. En République dominicaine, c'est à hauteur de 1 milliard de dollars que se chiffre annuellement la subvention accordée par l'Etat dominicain au secteur de l'énergie.

L'Electricité d'Haïti (ED'H) paye chaque mois entre 10 à 12 millions de dollars pour l'achat d'électricité à ses trois fournisseurs privés alors que l'ED'H perçoit mensuellement moins de 5 millions de dollars de ses clients. C'est pourquoi Andress Appolon, la directrice générale de cette entreprise publique, a fait savoir que les autorités veulent revoir les contrats signés avec ces firmes.

Robenson Geffrard,
Twitter: @robbygeff
Le Nouvelliste