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Le FMI agacé par la subvention de l'Electricité d'Haïti

fmi-boileau-lokoBoileau Loko, chef de division adjoint du département de l’hémisphère occidental du FMI

Le mode de fonctionnement de l'Electricité d'Haïti (EDH) semble ne pas plaire aux bailleurs de fonds. En mission dans le pays, le chef de division adjoint du département de l'hémisphère occidental du Fonds monétaire international (FMI) l'a fait savoir aujourd'hui, haut et fort, au ministère de l'Economie et des Finances lors d'une conférence de presse sur la situation macroéconomique d'Haïti.

« Il n'est pas possible de continuer à accorder des subventions de l'ordre de 150 à 200 millions de dollars américains à l'Electricité d'Haïti », a fulminé, ce 6 décembre, Boileau Loko, chef de division adjoint du département de l'hémisphère occidental du FMI au terme d'une mission en Haïti qui a débuté le 28 novembre 2012. Un point de vue que M. Loko dit partager avec le gouvernement durant cette mission qui confirme la pauvreté très élevée et le haut taux de chômage qui frappe les jeunes dans le pays.

Pour le chef de division adjoint du département de l'hémisphère occidental, ces 200 millions de dollars, utilisés pour subventionner l'EDH, pourraient servir à autre chose dans un pays où les ressources financières font déjà défaut. « On pourrait investir ces 200 millions dans la construction de nouvelles routes, la scolarisation des enfants, la construction et l'entretien des hôpitaux et des centres de santé ou dans l'aide humanitaire en faveur des populations les plus vulnérables », a suggéré Boileau Loko, en présence de la ministre de l'Economie et des Finances, Marie Carmelle Jean-Marie, et du gouverneur de la Banque centrale, Charles Castel.

« Il faut absolument que l'EDH puisse développer un plan qui permettra à la compagnie de commencer à dépendre de moins en moins de la subvention de l'Etat », a conseillé l'envoyé du FMI, reconnaissant cependant l'importance de l'électricité dans la croissance d'un pays. « Nous ne sommes pas en train de dire que l'électricité n'est pas importante, a-t-il dit. Au contraire, nous voulons améliorer l'environnement des affaires et promouvoir la croissance; il est clair que l'électricité est importante, a-t-il reconnu. » M. Loko plaide également pour une électricité qui permet aux entreprises haïtiennes de gagner au point de vue de la compétitivité. « Il est nécessaire qu'elle ne soit pas trop chère », a-t-il fait savoir, ajoutant qu'il faut mettre en place des conditions qui permettront de créer plus de ressources internes dans le pays.

Sous les feux de toutes les critiques, l'EDH n'est pas encore prête à se prendre en charge et à s'autofinancer. En effet, dans la loi de finances 2012-2013, une enveloppe de 2,5 milliards de gourdes est allouée à cette compagnie publique déficitaire. Cependant, le gouverneur de la Banque de la République d'Haïti a fait remarquer toute la complexité qu'il y a dans la mauvaise performance de l'institution. « Le problème de l'EDH est lié à un désordre urbain et à des problèmes sociaux importants », a souligné Charles Castel, ajoutant que la compagnie perd beaucoup de sa production dans les pertes non techniques. Les nouveaux dirigeants de cette institution n'ont jamais raté l'occasion de souligner que les infrastructures et la technologie du réseau de l'EDH sont obsolètes. Il n'y a pas eu, selon eux, d'investissements importants consentis dans la compagnie pendant plusieurs décennies.

Rappelons qu'un vaste plan de réforme de l'Electricité d'Haïti a été annoncé en septembre dernier par le Premier ministre Laurent Lamothe pour alimenter toute la zone métropolitaine de Port-au-Prince en courant électrique vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En effet, le chef du gouvernement avait indiqué qu'entre 80 et 90% des fonds provenant de l'accord PetroCaribe seront affectés au secteur de l'énergie. 160 millions de dollars devraient être mobilisés, selon Laurent Lamothe, pour résoudre le problème de l'électricité dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Carlin Michel
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Source: Le Nouvelliste

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