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Haïti –Université : Annonce de réformes, sur fond de menaces et comédie

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Dans le cadre d'une rencontre officielle avec des étudiantes et étudiants, venus d'institutions d'enseignement supérieur du territoire, le président Joseph Michel Martelly a annoncé une série de changements futurs, tout en menaçant ses invités au rythme de la plaisanterie et de la comédie, a observé l'agence en ligne AlterPresse.

« Dans les prochains mois, des modifications d'ordre administratif et juridique seront apportées dans le système actuel., afin de doter la notion haïtienne d'un sous-système d'enseignement supérieur moderne adapté », prévoit Martelly au cours de son intervention à la municipalité de Delmas (au nord-est de la capitale) le mercredi 12 septembre 2012.

« L'État entend propulser une approche universitaire, axée sur les principes de bonne gestion et sur l'obligation de résultats », dit-il.

Toutes les universités, auxquelles est attribué du financement public, feront l'objet d'un « contrat / plan de développement », en fonction de modalités qui seront établies dans la perspective d'atteindre une meilleure « performance » et une reconfiguration de l'enseignement supérieur, anticipe Martelly.

Autonomie, responsabilisation et suivi-évaluation seront les bases de ce contrat.

D'ici janvier 2013, 8 projets de loi sur l'éducation seront acheminés au parlement haïtien. Trois (3) d'entre eux concernent la réorganisation du système d'enseignement supérieur, en particulier la réorganisation de l'Université d'État d'Haïti (Ueh).

Les promesses d'une augmentation du budget alloué au fonctionnement de l'Ueh, d'ici l'année 2013, la mise sur pied d'un programme de crédit pour que les diplômés puissent démarrer leurs propres affaires entrepreneuriales, l'intégration, dans l'administration publique, de jeunes professionnels issus des facultés de l'État, une assistance financière aux étudiantes et étudiants, ont été également abordés à la rencontre du 12 septembre 2012.

Les membres du rectorat de l'Ueh, lequel n'était pas invité, étaient absents à ces échanges, dont l'objectif consistait à se pencher sérieusement sur la problématique de la révision de l'enseignement supérieur en Haïti et de l'amélioration de la qualité de vie des étudiantes et étudiants.

Plus de 200 étudiantes et étudiants, issus d'écoles d'études supérieures de divers départements géographiques du pays (notamment du Sud, du Sud-Est, du Nord et de l'Artibonite), mais également de certaines des onze entités de l'Université d'État d'Haïti ont répondu à l'invitation du cabinet présidentiel.

Attention à l'autoritarisme du président ...

Tout cela semble être conditionné par un mutisme implicite que les étudiants et universitaires devraient observer.

À la fin de la rencontre du 12 septembre, Michel Martelly a pris un ton plutôt badin, mais en fait sérieux pour prévenir à ses invités : « l'État a le droit de vous protéger (...) je ne tolérerai pas les jets de pierre, Je ne tolérerai pas le désordre ».

Il faisait référence, avec un certain regret, à l'évènement survenu le 17 février 2012, quand il a tenté d'entrer de force à la faculté d'ethnologie pour participer à une conférence, sans avoir été invité.

« Vous pouvez toujours parler haut et fort sur les antennes des stations de radio », ajoute Martelly.

A certains étudiants qui critiquent le fait que la rencontre du 12 septembre 2012 n'a pas eu lieu dans un espace de l'Ueh, l'ancien chanteur ( président du compas) répond : « Je suis un président qui prend des décisions. Je suis un président, un commandant en chef ».

Niant toute dialectique, Michel Martelly croit que ce n'est pas le lieu, mais le contenu des échanges qui est important.

« Je suis président. Ce n'est pas un étudiant qui va me dire où le rencontrer ! », martèle Martelly.

Le gouvernement voudrait s'attaquer aux centres d'enseignement supérieur non qualifié ...

Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, plus de 200 institutions d'enseignement postscolaire fonctionnent généralement dans des maisons destinées au logement urbain des citoyennes et citoyens.

La prolifération d'institutions d'enseignement supérieur constitue « un dysfonctionnement », selon Martelly.

Il y voit un « mal » qui met en péril le diplôme haïtien.

« Je veux la normalisation de ces situations (...) l'État ne saurait attendre longtemps pour apporter des remèdes », affirme t-il.

Le temps de la comédie ...

Au rythme d'un bon comédien, l'ancien chanteur explique à ses hôtes qu'il aimait s'asseoir dans les deniers rangs à l'école. Ou encore qu'il a passé une année à la faculté des sciences (Fs) avant de l'abandonner.

« Je n'étais pas intéressé », avance t-il, toujours sur un ton enjoué.

« Nous n'allons pas capitaliser sur mes commentaires pour dire officiellement que ce sont des décisions finales », avertit Martelly en essayant d'imaginer des solutions éventuelles aux préoccupations exposées par les étudiantes et étudiants

Source: Alterpresse