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Haiti-Société: Roger,cireur de bottes depuis 50 ans

cireur-de-bottesCirer des chaussures, paraît pour certains, une activité sociale abaissante. Tandis que, pour d’autres, c’est plutôt un moyen de survie. Un modeste métier qui permet de gagner un minimum de revenu. Roger, originaire de Fermathe (Ouest) a accordé un entretien exclusif à HPN.

À la question relative à son âge, Roger paraît plongé dans une profonde réflexion. Un étrange regard circulaire précède sa réponse ; comme s’il s’agissait d’une question embarrassante : « mwen gen 70 lane » « j’ai 70 ans », répond-il finalement.

Plié sous le poids de son âge, ce père de sept enfants gagne tant bien que mal sa vie et s’occupe de sa famille. Rien qu’en exerçant le métier de cireur de bottes qu’il pratique depuis 50 années de son existence.

Il n’a que cette activité de survie. Pourtant, il a pu nourrir sa famille, payer l’écolage de ses enfants et le loyer chaque année. Les vicissitudes de la vie, il en connaît pas mal. Aujourd’hui, cet homme garde encore de bons souvenirs de son gagne-pain qui, dit-il, lui rapporte peu, au cours de ces 20 dernières années.

« Autrefois, mon travail me permettait de gagner mieux ma vie. Les prix des produits de première nécessité n’étaient pas aussi élevés », souffle le septuagénaire.

Pour Roger, le cirage des chaussures ne permet plus aux cireurs de bottes de répondre à leurs obligations familiales, contrairement aux années antérieures où les clients payaient 5 centimes pour bénéficier le service.

« Quelque peu, ce métier m’a permis de gagner ma vie. Grâce à cette activité, j’ai pu éduquer mes enfants. Trois d’entre eux terminent leurs études classiques », informe Roger, félicitant au passage sa compagne Jésula, marchande ambulante qui, affirme-t-il, le soutient financièrement.

Sympa et plaisant, ce personnage du troisième âge dit avoir cru fermement que la meilleure façon de gagner sa vie, c’est de travailler avec soi-même.

« Dans ma jeunesse, je refusais de faire n’importe quoi. Je ne voulais pas travailler avec des particuliers. Fort de ma conviction, j’ai décidé de créer une activité qui puisse me permettre de rentabiliser un minimum. C’est ainsi que je suis devenu cireur de bottes », témoigne le vieil homme édenté.

« À cette époque, c’était la meilleure chose que je pouvais faire, car je ne sais ni lire ni écrire…», avoue notre interlocuteur, basé à l’angle des rues Rigaud et Geffrard (Pétion-Ville).

Il dit avoir fait ses débuts dans le métier à Pétion-Ville où il sillonnait les rues à longueur de journée. Visiblement affaibli par le poids du temps, Roger se démerde encore avec sa boite quotidiennement.

Courageux et soucieux, ce père de famille n’envisage pourtant pas abandonner son activité de cireur. Puisque, laisse-t-il comprendre, celle-ci lui procure une certaine stabilité économique.

Ces dernières années, Roger gagne en moyenne 200 gourdes par jour. Pour bénéficier du service, le client paie entre 5 et 10 gourdes. Cela varie. Néanmoins, souligne-t-il, les clients se font de plus en plus rares.


Sylvestre Fils Dorcilus
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Source: HPN