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EBOLA, NATIONS-UNIES ET HAITI

Ebola

Dr Dunois Erick Cantave --- Nous avons écouté avec attention les réactions du Gouvernement et celle des Nations-Unies concernant ce recrutement de personnels devant intervenir dans les pays à risque d'Ebola sur le continent africain. Aucune ne nous a vraiment convaincu ni rassuré. Le Gouvernement aurait dû connaitre l'existence d'une telle opération sur le territoire et se positionner avant même le public haïtien. Cela dénote un manque total de contrôle des diverses activités des instances fonctionnant dans le pays et une irresponsabilité flagrante vis-à-vis de la santé et de la vie de la population haïtienne. S'agit-il seulement d'ignorance des dirigeants ou d'insuffisance et d'inadéquation du cadre normatif de cette mission opérant en Haïti ? Dans les deux cas, cela est inacceptable.

La porte- Parole de la MINUSTAH qui tentait de son côté de démontrer le bien-fondé d'une telle mission et de la justifier y est allée de confusion en confusion. Son amalgame entre le rôle de son organisation et l'opportunité d'un tel recrutement de personnels et de ses modalités n'ont fait que renforcer nos appréhensions.

Il est normal et même obligatoire que les Nations-Unies s'engagent dans le combat contre l'épidémie de fièvre hémorragique « Ebola » qui sévit en Afrique de l'ouest, mais dans aucun cas elles ne devraient le faire en risquant la santé et la vie d'autres populations de la planète. D'une épidémie mal maitrisée on pourrait passer à une pandémie aux conséquences incalculables.

Une telle intervention, aussi nécessaire et importante soit-elle, ne devrait se faire en dehors d'un protocole politique, scientifique et sanitaire établi par les pays intéressés, en toute transparence, en tenant compte des infrastructures sanitaires , de la disponibilité et du niveau d'entrainement du personnel de santé, c'est-à-dire en fonction de la capacité de l'offre sanitaire et de réponses à toute éventuelle contamination des intervenants. En bref, elle devrait plutôt se faire dans les pays à forte capacité de contrôle sanitaire et frontalier...

De plus, les Nations-Unies n'ont pas toujours fait preuve d'un grand sens de responsabilité ni d'une compétence éprouvée en matière de respect des normes et des populations des pays dans lesquels elles interviennent. Nous avons vu comment elles ont introduit et propagé le choléra en Haïti qui a déjà fait près de neuf mille (9000) morts, des centaines de milliers d'infectés, maladie qui est devenue endémique au pays...

En dépit de notre devoir solidarité avec les peuples affectés par cette fièvre hémorragique « Ebola », ce fléau qui fait de graves ravages dans ces pays frères et qui inquiète même les mieux équipés, nous avons aussi pour devoir de dénoncer toute attitude irresponsable, irréfléchie et inadéquate qui pourrait éventuellement constituer un énorme risque pour notre population qui se débat déjà face à d'autres défis de santé publique tels le SIDA, la tuberculose, les diarrhées infantiles, la malnutrition, la malaria, le choléra, le chikungunya..., pour ne citer que ces maladies là.

Nous refusons de croire en une quelconque action criminelle où les intérêts de tous seraient d'une manière ou d'une autre lésés. Nous demandons donc aux autorités déjà défaillantes du pays de ne pas continuer à faire preuve d'irresponsabilité dans ce dossier en attendant un renforcement des capacités de l'Etat, et aux responsables des Nations- Unies de revoir leurs modalités d'interventions dans les pays où sévit ce fléau.

Port-au-Prince, le 3 octobre 2014
Dr Dunois Erick Cantave

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