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« Lettre à mon frère »

Serge H. Moïse avocat- Barreau de P-au-PSerge H. Moïse avocat  Barreau de P-au-P

« Lettre à mon frère Â»

Te voila bien chanceux mon frère

Tu te retrouves en terre étrangère

A l’abri de toute cette laideur

Qui nous fait tellement horreur

II

Nos ruines et nos misères

Te sont peu familières

Ce que tu vois à la télévision

N’en est qu’une faible portion

III

Vivre dans l’insécurité

L’inquiétude et l’anxiété

Au milieu de gens de bien

Hélas toi tu n’en sais rien

IV

Nous avons nos belles plages

Mais la soif et la faim font rage

Le choléra continue ses ravages

Nous aiguisons notre patience

Et faisons dans la résilience

Au lieu de péter les plombs

Et nous débarrasser de ces cons

V

Nous avons perdu notre souveraineté

Mais intacte est demeurée notre fierté

Tout est à refaire dans ce pays détruit

Par suite d’accidents fortuits

Qui sont sans doute la caution

A payer pour notre rédemption

VI

Nos anciens maîtres les vampires

Nous avaient infligé bien pire

Maintenant nous pouvons en rire

Car nous avons appris la leçon

De cultiver toujours la division

VII

Je t’ennuie avec mes jérémiades

Le cœur n’est pas à la charade

Abandonnés comme des épaves

Nous essayons d’être très braves

VIII

Le triste écho de tes prières

A travers toutes nos rivières

Nous parviennent chaque jour

Et régulièrement à notre tour

Nous implorons nos loas

Pour que tu ne reviennes pas

Dans cette vallée de douleurs.

Il y en a de toutes les couleurs

IX

Que nos dieux t’en préservent

En santé qu’ils te conservent

Pendant des années à venir

Et que tu puisses nous revenir

Afin de nous aider à rebâtir.

X

Le goudou-goudou est passé

Il nous a vachement terrassés

Mais nous nous sommes relevés

Aguerris déterminés et plus forts

Survivre est notre dernier ressort

XI

Nous ne baisserons jamais les bras

Quitte à passer de vie à trépas

Nous sommes les heureux rescapés

Et pour ceux-là qui sont décédés

Nous avons l’impérieuse obligation

Quelles que soient les options

De refonder cette fière nation

Afin qu’elle redevienne forte

Ouvrant bien grandes ses portes

Et alors quelle que soit l’heure

Exhibant toute sa splendeur

Serge H. Moïse av.

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