Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Culture & Société

Quand la soft pornographie s'invite au carnaval...

kanaval porn-haitiTêtes inclinées, paires de fesses en l'air, bordées d'un truc appelé vulgairement « pantalon san fouk » laissant presque entrevoir les parties intimes, c'est le tableau que nous offrent de jeunes bambocheuses en plein délire sur un char, le deuxième dimanche des festivités précarnavalesques. C'est la nouvelle danse en vogue depuis on ne sait quand. Ajoutée à la tenue qui frise la nudité, y a pas « meilleur » spectacle.

Nous vous épargnons les images les plus choquantes prises lors de ces festivités. Mais, il se peut que vous ayez vu ces déhanchements à tue-tête en direct puisqu'ils sont désormais relayés par certaines stations de télé en mal de programmation. Ce qui est surtout écoeurant, c'est la scène des ébats sexuels en mode « digital » (l'adjectif vient du mot doigt) sur ce même char, constatée par certains, dont Philippe Saint-Louis, animateur de radio très connu. Révolté et furax, Pipo l'a dénoncé à son émission après avoir partagé quelques-unes des photos les moins dégoûtantes avec ses amis sur Facebook. « Contrairement à ce que pensent certains, il ne s'agit pas du char de DJ Constant.
Au contraire, c'est l'un des chars les plus ordonnés du parcours. Il y a effectivement des filles qui portent des déguisements, font des numéros de danse un peu « décontractés », mais ce que j'ai constaté sur le char en question était de la débauche », précise l'animateur de Mardi Alternative sur Radio Solidarité.

Joint au téléphone, Philippe a choisi de taire le nom de ce DJ. Ce dimanche 1er février encore, le spectacle n'était pas différent, ajoute Pipo. Pour l'animateur, ce phénomène atteste d'une démission des autorités qui semblent n'avoir plus le contrôle pendant cette période. Mais aussi, une démission des parents, puisque, selon ses observations, ces filles qui se donnent en spectacle au monde entier sont à peine dans la vingtaine.

Le carnaval, qui, dans le passé, valorisait la culture haïtienne à travers des œuvres artistiques, des danses, des chars allégoriques, de beaux et laids déguisements, etc., aujourd'hui valorise les corps nus et donne carte blanche à la violence de toute sorte.

Objectivement, la fille presque nue complète l'ambiance que fournissent les DJ. Stéréotypée, sans scrupule, soumise, hypersexualisée et naïve, la fille, moitié à poil, arborant son pantalon « san fouk », se déhanchant démesurément, c'est un objet. Une star de la « soft pornographie » qui se réjouit d'être mise sous les projecteurs. Au paroxysme du plaisir, tout le monde perd le contrôle, et voilà.

Par ailleurs, le problème est beaucoup plus profond que ça. Il renvoie à la problématique de genre constatée aussi dans des pays très avancés comme la France et le Canada. Dans les pubs, les vidéoclips, le corps des femmes est souvent utilisé pour procurer du plaisir. Malheureusement, ce n'est pas avec cela qu'on va attirer les touristes au carnaval. Au pire, peut-être une autre catégorie de touristes.
Alors, danser presque nue sur un char, se donner en spectacle sexuel, n'est-ce pas une atteinte à la pudeur ? Sans verser dans l'arbitraire en restreignant la liberté individuelle, les autorités concernées devraient se prononcer sur cette situation, si elles ne la cautionnent pas.

Joël Fanfan
Source: Le Nouvelliste

 A Lire Aussi: