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Les ancêtres des Haïtiens proviendraient du Congo et non du Bénin (IDENTITÉ)

ThomasVandaThomas VandaMONTRÉAL --- Le chercheur africain, Thomas Vanda, qui est à la fois pasteur, historien et linguiste, dément la version des faits enseignée depuis longtemps à l'école, à savoir que les ancêtres des Haïtiens proviennent du Bénin.

Dans une entrevue exclusive accordée à l'Agence de presse Médiamosaïque, Thomas Vanda, qui affirme avoir travaillé avec des gens de la communauté haïtienne de Montréal, dit avoir été «surpris de voir rapidement que les Haïtiens ne provenaient pas du Bénin (Afrique), comme on le rapporte dans l'histoire».

La linguistique ne ment pas

Dans des études portant sur la linguistique qu'il a faites sur les Haïtiens, l'historien a fait remarquer qu'on peut facilement remonter aux origines de ces Antillais en se référant à leur langue maternelle ou d'usage.

Au fait, le créole, qui est parlé par les Haïtiens et qui a vu le jour il y a quelques centaines d'années en Haïti (anciennement Saint-Domingue), n'est rien d'autre qu'un mélange de français, parlé dans la colonie à l'époque, et de dialectes africains (langue des esclaves).

Le créole bourré de mots d'origine congolaise

«J'étais très étonné de faire un tel constat, parce qu'on leur (les gens originaires d'Haïti) dit qu'ils viennent du Bénin, mais, en réalité, les mots qu'ils utilisent dans leur nouvelle langue (créole) ne sont pas des mots béninois», a déclaré l'historien africain d'origine congolaise.

«Quand ils disent en créole : «"moun", "timoun", "granmoun" (ce qui veut dire respectivement en français: "humain", "enfant", "adulte"), ça vient de "mouna", "moutou". Le mot "malanga (patate)", c'est pratiquement des mots qui viennent du Congo», a-t-il fait savoir.

Autre mot évoqué par Thomas Vanda : «marasa (jumeau)». Selon le spécialiste, et nous le citons textuellement : «il n'y a aucune tribu en Afrique qui utilise ce mot pour désigner les jumeaux que la tribu de mon père. Ce n'est pas un mot que l'on trouve au Bénin».

L'effet du nombre sur la langue

Questionné sur la possibilité qu'il y ait, bien évidemment, des Congolais, mais également d'autres tribus africaines dans les cohortes d'esclaves que l'on transportait à St-Domingue à l'époque, Thomas Vanda insiste sur l'effet du nombre sur la langue.

À son avis, «ces mots ne sauraient devenir populaires et s'imposer dans la langue (créole) si le groupe ethnique duquel ils provenaient n'était pas majoritaire dans la population». Car, a-t-il fait remarquer, «sur le plan linguistique, c'est impossible que les membres d'un peuple utilisent le même mot pour un même objet lorsqu'ils sont séparés de plus de 1000 km».

«Autrement dit, si le mot "marasa", par exemple, prédomine aujourd'hui dans le vocabulaire des natifs d'Haïti, cela veut dire que la population d'esclaves qui a apporté ce mot était majoritaire, sans quoi, ce mot ne serait pas utilisé dans toute l'île», a-t-il expliqué à un journaliste de Médiamosaïque.

Ce qui lui fait dire que, paradoxalement, si le groupe majoritaire des esclaves qui habitaient l'île d'Haïti provenait du Bénin, on rencontrerait un nombre considérable de mots issus des dialectes béninois, et tel n'est pas le cas, a fait remarquer le linguiste doublé de son aura d'historien.

Les Haïtiens seraient des descendants de Bantous

À part la langue, il dit remarquer d'autres similitudes entre les Haïtiens et les Africains originaires du Congo. À l'instar de ces derniers, Thomas Vanda affirme que «les Haïtiens ont un gestuel bantou».

Selon lui, «tous ceux qui étaient déportés d'Afrique vers l'Amérique ou en Haïti sont issus d'une seule communauté d'Afrique. «Ce sont des Bantous, vous ne verrez pas les descendants de Peuls, de Tutsis ou de Pygmées en Haïti!», a-t-il précisé.

Source: MÉDIAMOSAÏQUE

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