Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Culture & Société

INEDIT: L’Indépendance de la terre d’Haiti fut proclamée le 19 Novembre 1803- Pétion n'était pas un signataire

jacobin-noir-toussaint-independanceAU NOM DES NOIRS ET DES HOMMES DE COULEUR.

L'indépendance de Saint-Domingue est proclamée. Rendus à notre première dignité, nous avons recouvre nos droits, et nous jurons de ne jamais nous les laisser ravir par aucune puissance de la terre. ; Le voile affreux du préjugé est maintenant déchiré. Malheur à ceux qui oseraient réunir ses lambeaux sanglans !

Propriétaires de Saint-Domingue, qui errez dans des contrées étrangères, en proclamant notre indépendance, nous ne vous défendons pas de rentrer dans vos biens; loin de nous cette pensée injuste. Nous savons qu'il est parmi vous des homes qui ont abjuré leurs anciennes erreurs, renoncé à leurs folles prétentions , ont reconnu la justice de la cause pour laquelle nous versons notre sang depuis ouze annces. Nous traiterons en frères ceux qui nous aiment: ils peuvent compter sur notre estime et notre amitié , et revenir habiter parmi nous. Le Dieu qui nous protège, le Dieu des hommes, nous ordonne de leur tendre nos bras victorieux. Mais, pour ceux qui, enivrés d'un fol orgueil, esclaves intéressés d'une pretention criminelle sont assez aveuglés pour se croire des êtres privilégiés, et pour dire que le ciel les a destinés à être nos maîtres et nos tyrans, qu'ils n'approchent jamais du rivage de Saint-Domingue ; ils n'y trouveraient que des chaînes ou la déportation. Qu'ils demeurent eu ils sont; qu'ils souffrent les maux qu'ils ont si bien mérités; que les gens de bien, de la crédulité desquels ils ont trop long-tems abusé, les accablent du poids de leur indignation.

Nous avons juré de punir quiconque oserait nous parler d'esclavage. Nous serons inexorables, peut-être même cruels, envers tous les militaires qui viendraient nous apporter la mort et la servitude. Rien ne coûte, et tout est permis à des hommes à qui l'on veut ravir le premier de tous les biens. Qu'ils fassent, couler des flots de sang; qu'ils incendient, pour defender leur liberté, les sept huitièmes du globe, ils sont innocens devant Dieu, qui n'a pas créé les hommes pour les voir gémir sous un joug honteux.

Si, dans les divers soulèvemens qui ont eu lieu, des blancs, dont nous n'avions pas à nous plaindre, ont péri, victimes de la cruauté de quelques soldats ou cultivateurs, trop aveuglés par le souvenir de leurs maux passes pour distinguer les propriétaires humains de ceux qui ne l'étaient pas, nous déplorons sincèrement leur malheureux sort, et déclarons , à la face de l'univers, que ces meurtres ont été commis malgre nous. Il était impossible, dans une crise semblable à celle ou se trouvait alors la colonie , de prévenir ou d'arrêter ces désordres.

Ceux qui ont la moindre connaissance de l'histoire, savent qu'un peuple , fût-il le plus policé de la terre , se porte à tous les excès, lorsqu'il est agité par les discordes civiles, et que les chefs, n'étant pas puissamment secondes , ne peuvent punir tous les coupables, sans rencontrer sans cesse de nouveaux obstacles. Mais aujourd'hui que l'aurore de la paix nous présage un temps moins orageux, et que le calme de là victoire a succédé aux désordres d'une guerre affreuse, Saint-Domingue doit prendre un nouvel aspect, et son gouvernement doit être desormais celui de la justice. »

« Signé DESSALINES , CHRISTOPHE , CLERVEAUX. » 19 Novembre 1803

Extrait de l'ouvrage Débarquement de la flotte française à Saint-Domingue, faisant suite aux Révolutions de cette île. Révolte des nègres. Paris 1803. Archives de la Marine Francaise

Soumis par Norluck Dorange