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Le travail des défenseurs des droits humains menacé en Haïti, selon le Front Line Defenders

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« Il y a en Haïti des inquiétudes et beaucoup de préoccupations sur les conditions de travail des défenseurs des droits de l'homme en Haïti. » Tel est le constat d'Andrea Rocca, représentant de la fondation Front Line Defenders, qui a mené une mission de deux semaines sur les conditions de travail des défenseurs des droits de l'homme en Haïti durant les 12 derniers mois.

Le représentant de cette fondation internationale, qui travaille dans la protection des défenseurs des droits humains, dresse un tableau inquiétant de la situation des organisations et des professionnels qui travaillent dans le domaine. Pour comprendre la situation, Andrea Rocca a rencontré des institutions comme l'Office de la protection du citoyen, la section des droits de l'homme de la Minustah, et des organisations non gouvernementales travaillant dans la protection des droits de l'homme.

L'expert dit reconnaître les progrès qu'a faits le pays durant les 20 dernières années en matière de la protection des droits de l'homme et de la liberté d'expression et d'association. Des acquis qui sont menacés aujourd'hui, a révélé M. Rocca, qui a fait le point sur sa visite en Haïti pour le quotidien Le Nouvelliste avant de reprendre l'avion pour le Vieux Continent. Des déclarations des membres du gouvernement, des poursuites judiciaires suspectes et plusieurs actions susceptibles de censurer les acteurs travaillant à la protection des droits humains sont soulevées par l'expert pour expliquer ses préoccupations.

« J'ai entendu beaucoup d'inquiétudes et de préoccupations au sein de la société civile dans le contexte actuel, par rapport à certaines déclarations faites par des autorités envers des acteurs de la société civile. », a déclaré Andrea Rocca, qui a pris les premières déclarations du commissaire Francisco René en exemple. « Je peux citer la déclaration de l'actuel commissaire du gouvernement, de Port-au-Prince qui, peu après sa nomination, a déclaré que la récréation est terminée. C'est clair que ce genre de déclarations n'est pas positifs, il crée un environnement où les personnes se sentent menacées », ajoute-t-il.

Pour avoir travaillé avec plusieurs organisations de la société civile très impliquées sur le terrain, l'expert est bien informé des différentes difficultés qu'elles connaissent. Il a pointé du doigt les menaces de poursuites formulées par des autorités contre certaines dénonciations faites par les militants. Il affirme que ces comportements reflètent une mauvaise connaissance du travail de ces organisations qui ont pour mission de rappeler les autorités au respect des prescrits démocratiques. L'expert du Front Line Defenders croit que cela constitue un changement dans le comportement des pouvoirs publics face aux organismes des droits humains comparativement aux dernières années. Pour expliquer ce changement, il a énuméré plusieurs cas qui se sont multipliés durant les 12 derniers mois qu'il considère dans le cadre de son rapport.

Andrea Rocca cite les cas de l'avocat Patrick Florvilus de l'Organisation de la défense des opprimés invité à comparaître devant la justice pour avoir défendu des déplacés victimes d'éviction forcée dans un camp. Il a évoqué aussi les cas des deux avocats militants, André Michel et Newton-Saint Juste, qui font face à des poursuites judiciaires suspectes. Si l'expert a reconnu que la justice doit être faite dans le cas de l'assassinant du jeune beau-frère d'Enol Florestal, il dit comprendre mal que les poursuites contre maître André Michel aient été entamées après les accusations de corruption portées contre la famille présidentielle. « C'est pour le moins très suspect », a Martelé M. Rocca. « S'il y a eu des progrès comme la création du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire(CSPJ), mais c'est clair que ces cas démontrent qu'il peut y avoir des tentatives d'utilisation des institutions judiciaires à des fins illégales et politiques », a-t-il ajouté.

Des militants des droits de l'homme que monsieur Rocca a rencontrés à Port-au-Prince saluent le travail de l'expert qui, selon eux, est arrivé au bon moment. Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) affirme que « cette mission de Front Line Defenders est intervenue à un moment où le travail des défenseurs des droits humains est très menacé en Haïti. » M. Espérance déclare partager les préoccupations du représentant de la fondation qui protège les militants à travers la planète. « Il était venu voir la situation des défenseurs des droits humains, si nous faisons notre travail en toute liberté et si nous sommes dans un Etat de droit. Moi je dis non, aujourd'hui nous ne pouvons pas faire notre travail en toute liberté, nous ne sommes pas dans un Etat de droit », a déclaré M. Espérance.

Front Line Defenders est la fondation internationale pour la protection des défenseurs des droits humains. Elle travaille à la mise en place d'actions rapides et efficaces qui contribuent à protéger les défenseurs des droits humains en danger afin qu'ils puissent continuer leur travail en tant qu'agents clés du changement social.

Louis-Joseph Olivier
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