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Marc Exavier, un poète farouchement autonome

Marc-exavierMarc Exavier vit  loin des effervescences, il n’aime pas se montrer ni être montré. C’est un marcheur. Il arpente à pied ou en transport public les rues de Port-au-Prince et de sa périphérie. Il aime partir en province aussi, particulièrement pour Verrettes, toujours pour des raisons ayant rapport avec la lecture. Marc Exavier est un militant du livre et de la lecture. Il dirige même une association qui s’appelle APOLECT qui fait la promotion de la lecture.

Marc Exavier a publié son premier livre en 1983, Les sept couleurs du sang. Son dernier en 2005 aux Editions des Presses Nationales d’Haiti, « Chansons pour amadouer la  mort », suivi de « Le cÅ“ur inachevé ». Il ne publie pas beaucoup et pense même qu’un poète ne doit pas beaucoup publier. Il est incontournable dans le corpus poétique haïtien. Qui, s’intéressant réellement  à la poésie haïtienne écrite ces dernières années, n’a pas entendu ou lu ce vers magnifique  d’Exavier  dans Soleil Caillou blessé paru en 1991 aux Editions Mémoire à Port-au-Prince: « Il y a tant de fous et si peu de folie dans le désert du jour »

On se rappelle aussi Numéro effacé paru en 2001 aux Editions Mémoire. Rarement auteur haïtien a été si loin dans l’érotisme et la provocation. L’auteur, dans ce livre, écorche un peu le mythe qui entoure Jacmel en nous apprenant que c’est une ville qui n’a pas de bordel. Une ville sans bordel est peut-être une ville sans âme ou sans intérêt. En tout cas oui, aux yeux de Marc Exavier.

Marc Exavier est professeur à l’Université d’Etat Haïti. Il est chroniqueur culturel à la radio et poète comme on savait l’être autrefois et qu’on devrait l’être aujourd’hui : farouchement autonome, jaloux de sa solitude et totalement visionnaire.

Emmelie Prophète

La patience d’une femme aimée

Est une pluie de rêves

Sur un vent de blessures

Aux échos des ailleurs

S’ouvre l’immensité de l’aube

Des ailes pour oublier

La poussière des deuils

Je sais fragile toute rose

Et toute aurore évanescente

L’amour s’écaille au bout de la semaine

Je m’accroche à l’émoi des mots

Pour ne pas sombrer dans mes songes

Toute flamme est immense

Quand le regard s’éprend

De la courbe du soir

Marc Exavier

Extrait de Chansons pour amadouer la mort

Source: Le Nouvelliste