Culture & Société
Le Poids du Legs Politique en Haïti
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- Catégorie : culture & societe
- Publié le lundi 21 janvier 2013 17:04
Soumis à Tout Haiti le 21 Janvier 2013
Jean-Rony Monestime --- L'héritage politique demeure un acquis probant. Si on doit s'appuyer sur l'influence des dynasties et des oligarchies qui ont marqué l'histoire de la race humaine. Il n'a jamais manqué d'analyses sur les passages d'un pouvoir entre les membres d'une seule famille, la remise d'une aura d'un militant à l'autre, le passage d'une écharpe présidentielle entre les membres d'un clan. Cependant, on s'interroge peu sur les dérivés psychologiques de cette tradition séculaire.
Haïti, le pays d'un seul royaume, de deux empires et de plus d'une cinquantaine de présidence, n'est pas pourtant déclassé de la catégorie des nations où les noms influent sur le choix et le respect politiques. D'autant plus que l'ère des Assemblées Constituantes et/ou des Assemblées Nationales dans le choix des chefs d'État fut très friande aux origines familiales. Dans ce contexte, ce n'est point un péché d'hériter un capital politique et/ou un nom célèbre dans cette première république noire.
Les géniteurs politiques furent nés avec Toussaint Louverture. Ce dernier installa un Salomon comme juge des cayes au cours de son généralat en 1801. Et en 1807, Alexandre Pétion nomma un fils cet ancien juge Louverturien pour continuer la besogne. Ainsi commença la noble histoire d'une famille. En 1846, 41 ans plus tard, sous la présidence de Jean-Baptiste Riché, le petit-fils du juge de paix sous Pétion devint sénateur de la république. Plein de fougue, le sénateur Lysius Félicité Salomon était très actif sur le paysage politique. Sous Soulouque en 1849, il est devenu Ministre des Finances, puis Duc de Saint–Louis du Sud durant la période impériale. Sa fidélité à l'empire lui a couté un exil en 1859 au côté du Bonhomme Coachi. De retour d'exil en terre Jamaïcaine 20 ans après, en 1879, il se trouvait à la tête du Parti National. Ce privilège lui a accordé la présidence en un si peu de temps. Lysius Salomon est élu président par un vote unanime de l'Assemblée Nationale, le 23 octobre 1879.
Le tour de Fabre Geffrard se veut une autre interrogation. Nicolas Geffrard commandait une partie du sud durant les guerres de l'indépendance. Le soleil de la liberté du premier janvier 1804 l'a illuminé en héros. Sa progéniture ne tarde pas à refaire surface. C'est à l'
Anse-à -Veau, aujourd'hui département de Nippes, qu'a vu le jour le fils chéri de notre héro Nicolas Geffrard, Fabre Geffrard. Grâce à ses accointances et sa bravoure, il obtint le titre de général de division de l'arrondissement de Jacmel, après la révolution de 1843 qui fut la tombeuse du Président Jean-Pierre Boyer. Ce même Fabre était le duc de Tabara sous l'empire de Faustin premier et le commandant de la Garde du Palais. Autrement dit, ses étoiles politiques brillent avec ardeur. Le 15 Janvier 1859, au nom de ses racines politiques, il a été proclamé président d'Haïti par un Comité Révolutionnaire qui avait mis fin à l'empire de son bon ami Faustin Soulouque.
En 1911, cette tradition des héritiers politiques se répète sans détour. Un arrière petit-fils de Dessalines, Cincinnatus Leconte fut élu président de la république, le 14 Août 1911. Et ceci malgré le Procès de la Consolidation de Tonton Nord qui le condamna à 15 ans de Travaux forcés. D'ailleurs, à cause de ses origines et en particulier le nom Dessalines de ses grands parents, il fut un grand fonctionnaire de l'État sous le gouvernement du président de Tirésias Simon Sam.
Leslie François Manigat, élu président D'Haïti le 18 janvier 1988, n'était non plus un tombé du ciel ouvert. Son grand père St-Surin Manigat fut ambassadeur plénipotentiaire à Paris, France, sous le président Salomon. Il fut aussi, candidat du parti national, mais ce projet trop hâtif a déplu son protecteur-président et lui a couté un exil. En d'autres termes, Leslie a hérité son appétit pour la politique du sang de son grand père.
René Préval répond aussi à cette même donne transcendantale. Celui qui a été élu deux fois président d'Haïti en 1996 et en 2006 est un fils d'un ancien ministre de Duvalier, Agronome Claude Préval. Son désaccord avec le régime qu'avait servi son père n'enlève ni l'admiration ni le respect de plus d'un pour la tradition. D'ailleurs, malgré ses bêtises et ses gaffes au pouvoir, il n'a jamais été l'objet d'injures et de mépris qu'a connus son parrain politique, Jean-Bertrand Aristide.
En un mot, un legs en politique est un trésor. Parfois, l'erreur du testateur importe peu. Aujourd'hui encore cela compte. Ce qui peut reposer la question entre le destin et l'autorité. Ce lien qui demeure souvent absent dans les débats politiques haïtiens occupe avec sagacité les pages d'histoire nationale. Or, tout récemment, deux noms issus de la famille politique haïtienne se sont, à nouveau, inscrits adroitement dans les archives du pays. Ces personnages n'ont pas été élus présidents, mais ils étaient très connus : René Théodore, ancien secrétaire général du MRN et membre influent du PUCH, un parti de gauche. Il s'est fait un nom à Moscou et a véhiculé le message communiste en Haïti avec fierté. René était le petit-fils du président Joseph Dalvimar Théodore et son père fut député, il était a Ouanaminthe ; Annette Auguste (So Ann) n'écarte non plus cette loi de l'au-delà qui estime l'héritage politique. Loin d'être une politique de renom, So Ann est une rude cuisinière politique. Elle a su bien harmoniser le mystique avec la politique. En s'érigeant en prophétesse à la Antoine Mangomier, elle avait prédit l'élection de Michel Martelly. Et à l'heure qu'il est, au cours d'une émission à la Radio Guinen, elle se dit détentrice du nom du prochain d'Haïti. Que personne ne sous-estime son don futurologue. Membre influente du parti Lavalas, Annette auguste est l'arrière petite-fille du président Tancrède Auguste. Cette famille capoise s'établit à Port-au-Prince au cours du siècle antérieur. Pour ainsi dire, les noms comptent bien en politique, même si cela ne traduit pas qu'un homme sans nom ne peut pas être réussi. Le hasard sait pourquoi.
Jean-Rony Monestime
BA en Connaissances Générales
BS en Médecine Nucléaire
Correspondant de Haïti Progrès à New Jersey
Porte-Parole de la PH (la Perspective Haïtienne)
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