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Il faut cesser la banalisation du viol : Réaction de junia Barreau à l’article de Frantz Duval : Dans l’intimité des viols

junia-barreauSoumis à Tout Haiti le 7 Décembre 2012

Par Junia Barreau*

M. Duval,

Je trouve une inquiétante banalisation du viol dans cet article. Comparer le "viol d'un téléphone" à celui d'une femme est insultant pour les femmes violées qui porteront toute leur vie les cicatrices. Si le contenu d'un téléphone relève de la vie privée, donc tombe sous le coup d'une loi de protection de la vie privée, le viol est un crime barbare, c'est la pire des violences physiques qu'une personne puisse subir dans sa chair et son âme.

Une autre dimension de cette banalisation : la femme n'est pas un objet, ne la comparez pas avec un objet. Ni l'homme non plus d'ailleurs. Je sais que des hommes aussi sont victimes de viol perpétré par des hommes. Fait plus rare, le viol perpétré par des femmes existe aussi.

Dans une société aussi machiste que la société haïtienne, où le viol (surtout des filles et des femmes) prend des proportions inquiétantes, où la violence contre les femmes est encouragée dans la société, il est irresponsable de la part d'un directeur d'opinion de banaliser consciemment ou inconsciemment ce crime gravissime. Et surtout il faut être conscient de l'impact de nos écrits et paroles sur des gens dépourvus de discernement (ceux-là sont si nombreux).

Déjà dans un précédent édito "Chemins de traverse" du 30 novembre, vous présentez la présumée victime comme la petite amie de Josué Pierre-Louis et qualifiez les accusations d'affaire privée "Au théâtre ou au cinéma, l'affaire du président du Conseil électoral, Josué Pierre Louis, et de son ancienne maîtresse ferait un tabac... La vie privée rejoint la vie publique. Les responsabilités les plus hautes pataugent dans les plis des draps froissés et des lits défaits dans les médias qui n'en demandaient pas tant, pour une fois."

La vie privée est protégée tant que les lois sont respectées. Si un homme viole son épouse, sa petite amie, une ex-petite amie ou une ancienne partenaire sexuelle; s'il bat femme et enfants; alors, il s'est lui-même sorti de son espace privé pour se retrouver dans l'espace public, alors oui la société a le devoir de le rappeler à l'ordre en appliquant les lois existantes.

Vous reprenez ici aussi l'idée d'"amie de coeur" en précisant que c'est selon Josué Pierre-Louis. Par contre, dans les deux articles, vous ne prenez même pas la peine de préciser que la femme a infirmé être la petite amie de ce haut dignitaire. La présumée victime n'a donc pas de voix, ou bien sa voix n'a pas d'importance à vos yeux. Elle n'a pas de visage, serait-elle qu'un objet violé, comme le téléphone ?

Et le pire, c'est quand vous liez les deux "viols", le viol du téléphone qui provoque le viol de la femme. C'est une phrase insupportable, M. Duval. Je ne crois pas que vous Ã©cririez cette phrase s'il s'agissait de votre propre fille, votre propre soeur, d'une de vos amies. Est-il nécessaire que le mal nous touche pour le combattre ?

Soyons sérieux, cessons de jouer avec le feu. Devrons-nous rire de tout car même l'humour a des limites.

Junia Barreau

*Junia BARREAU est détentrice d'une maîtrise en gestion des PME et de leur environnement. Elle poursuit des études supérieures en sciences économiques à l'université du Québec à Montréa


Article ''Dans l'intimité des viols'' de Frantz Duval

 

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