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Affaire du juge Joseph : Une question à la question
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- Publié le lundi 22 juillet 2013 18:23
Par Leslie Péan, 21 juillet 2013 --- L’affaire de la mort du juge d’Instruction Jean Serge Joseph, le 13 juillet 2013, met à nouveau sous les feux des projecteurs la terrible situation sociopolitique et économique qui sévit en Haïti sous le gouvernement du président Michel Joseph Martelly. On ne peut que se recueillir devant le courage du juge, présenter à sa famille nos condoléances et partager avec elle la douleur causée par cette perte irréparable. La question qui est sur toutes les lèvres est bien celle-ci : quelles sont les causes de sa mort ? On ne lui connaissait pas d’antécédents susceptibles de causer l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a emporté à l’hôpital Bernard Mevs. Les rumeurs courent dans tous les sens. Les nouvelles générations sont empêtrées dans le processus de régression qui a accouché de Martelly. Consistance d'un âge d'ignorance, fruit d'une réalité peu exaltante qui, entre autres, a fait revenir Jean-Claude Duvalier en Haïti, en toute impunité.
Une question liée à la question des causes de sa mort renvoie, selon plusieurs témoins à qui il s’est confié, à une réunion tenue le 11 juillet au cours de laquelle il a subi des menaces explicites de la part de représentants attitrés du gouvernement, sinon du président de la République en personne. Le juge Jean Serge Joseph a eu à partager ces informations avec plusieurs personnes autant avant qu’après cette réunion à laquelle il a été conduit par le doyen Raymond Jean Michel. Tandis que ses confidents Samuel Madistin et Kettly Julien disent en clair que la réunion diabolique a bien eu lieu dans les bureaux de Me Gary Lissade, le doyen Raymond Jean Michel et le secrétaire d’État à la Justice Jean Renel Sanon déclarent qu’une telle réunion n’a jamais eu lieu et que le président Martelly, le Premier ministre Laurent Lamothe et le secrétaire d’État à la Justice n’étaient pas sur les lieux au moment de cette prétendue réunion. La politique des vertus inutiles et de la débauche favorisant les vices trouve un créneau certain, semant le trouble et la méfiance généralisée tout en renforçant notre volonté, délibérée ou inconsciente, de rester des zombies.
Le sens profond du refus d’admettre l’existence de cette réunion avec le président saute aux yeux. Il s’agit de réécrire l’histoire en la bouleversant de fond en comble pour l’orienter dans une autre direction qui ne laisse pas paraître nettement le dévergondage et la sclérose de l’équipe au pouvoir. De toute façon, toute le monde connait la capacité du président Martelly à faire des esclandres. Se yon mèt lòbèy. Il l’a déjà démontré en maintes occasions. Dans ces moments-là, le président Martelly n’est pas un ratiocineur. Il fonce et il assume comme un fou furieux. Avec la parole sauvage du lumpen. On est loin de l’ascèse nécessaire pour aboutir à une métamorphose, mais contraire à la tournure d’esprit des professionnels du spectacle.
Certains pensent que l’affaire du juge Jean Serge Joseph ajoute un clou au cercueil du gouvernement Martelly-Lamothe. Cela reste à prouver dans une société où les voyous ont plus d’audace que les gens honnêtes. À moins que des millions d’Haïtiens de toutes les couches sociales descendent dans les rues pour dire NON à Martelly, les choses continueront comme avant. Et le gouvernement nous fera tous rentrer dans la tombe en chantant et en dansant. La société haïtienne est condamnée à accumuler des ruines tant qu’elle continue à maintenir sous une forme ou une autre l’héritage duvaliériste. Tant que le peuple ne se réveillera pas pour faire triompher ses aspirations à un mieux-être légitime, nous continuerons à nous tromper et à patauger dans la bêtise. D’ailleurs, le carnaval des fleurs du 28 au 30 juillet 2013 est tout prêt. Le président Martelly en a dessiné la charpente. Dans son entendement, toute révolte est vaine, aléatoire et dangereuse. Donc pas de fausses querelles. C’est le temps de se déguiser ! Celui de la vie en rose. Avec la présence des forces de la MINUSTAH, tout autre comportement est suicidaire. Telle est la propagande des partisans du mal et de la défaite.
Les menaces proférées par le président Martelly à l’endroit du juge Jean Serge Joseph intimaient à ce dernier d’annuler la décision du 2 juillet 2013 demandant la comparution du Premier ministre et d’autres personnalités politiques dans le cadre de l’accusation de corruption portée contre son épouse Sophia et son fils Olivier Martelly. La plainte contre les deux membres de la famille présidentielle pour détournement de fonds et usurpation de titres est endossée par le citoyen Hénold Florestal ayant pour avocats MM. Newton Louis St Juste, André Michel, Mario Joseph et Jacceus Joseph du Barreau de Port-au-Prince. Cette accusation renvoie à deux Arrêtés signés par le président Martelly le 24 janvier 2012 et le 15 juin 2012.
Des semeurs d’espérance pour réaliser l’espoir d’une autre Haïti
Selon l’avocat Samuel Madistin, la décision du 2 juillet 2013 a provoqué une telle colère chez le président Martelly que ce dernier a dû recourir à des stupéfiants pour pouvoir dormir. Pour celui qui se veut « le chef suprême de la nation », les actions du juge sont des salades qui risquent de remettre en question le système népotique qu’il adore. Dans quel pays le juge se croit-il ? Il ne se rend pas compte que son attitude rectiligne risque de faire tâche d’huile et de changer les états d’esprit. Selon le sénateur Moise Jean-Charles, « Dans le passé, quand un président haïtien voyageait à l'étranger, l'État lui versait $5 000 US par jour pour ses frais. Aujourd’hui, le président Martelly a quadruplé ce per diem à $20 000 US par jour. Quand sa femme voyage avec lui, elle obtient $10 000 par jour; si ses enfants sont de la partie, ils obtiennent $7 500 par jour, chacun, et les autres personnes de son entourage obtiennent $4 000 par jour »[1]. Tout cela explique la sortie brutale du président Martelly qui a déclaré au doyen Jean Michel avec sa désinvolture habituelle : « Le juge n’est pas un homme à nous, comment a-t-il été possible que vous lui avez confié un dossier aussi important ? »
La reproduction de l’échec dans notre société ne cessera tant que l’état d’exception continuera de définir les rapports entre la puissance publique et le citoyen. Dans l’histoire de nos turpitudes, le gouvernement actuel est le réchauffé des approches infantiles loin de tout rationalisme qui caractérisent les valeurs populistes dominantes dans notre société. L’avalanche des gangs de Mòlòskòt et Jojo Lorquet d’une part, les histoires des mafias de Jacmel ou des Gonaïves, cette avalanche (lavalasse) fait partie de la toile d’araignée pleine de colle forte, cette glue de la racaille, qui se veut l’exigence absolue. Le duvaliérisme et ses avatars populistes continuent de disloquer Haïti dans une atmosphère de kermesse de mort semant le désespoir et la douleur pour nous faire perdre la lucidité, l’observation, la réflexion, l’analyse et renoncer à l’action.
La Chambre des députés a formé une commission d’enquête composée de Sadrac Dieudonné, Gluck Théophile et Louiyst Amiot François et le Sénat a créé sa propre commission d’enquête composée des sénateurs Westner Polycarpe, François Anick Joseph, Francky Exius, John Joel Joseph et Steven Benoit. Les rapports doivent être remis dans quinze jours. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a aussi diligenté sa propre enquête. Le président a dû intervenir sur Radio Signal FM et Radio Métropole les 17 et 18 juillet 2013 pour dire qu’il n’a jamais rencontré le juge Jean Serge Joseph et qu’il avait nommé personnellement ce dernier. Ce qui est faux. Le président Martelly est sorti de ses gonds, mais il n’inspire ni la peur ni la confiance. Ses interventions à la radio creusent le fossé. Il s’enterre. Dans son propre trou. Entraînant dans son sillage toute l’équipe gouvernementale. En effet, la conscience rejaillit comme le soleil pour empêcher le peuple de l’accompagner dans ce trou en s’y enfonçant avec lui.
Une classe politique inacceptable
Ce jaillissement est indispensable au moment où nous célébrons le 50e anniversaire de la prise d’armes d’Hector Riobé et de ses compagnons Damas, Jean-Pierre Hudicourt, Wilhem Turnier et Jean Claude Turnier du 14 juillet 1963. Malgré leurs erreurs, leur manque d’expérience, leurs tâtonnements, leur soulèvement constitue une manifestation d’héroïsme contre le chaos et l’impuissance que le duvaliérisme sanguinaire a érigés comme principes directeurs de la société haïtienne. Ce sont des semeurs d’espérance qui croyaient profondément dans la possibilité que l’espoir d’une autre Haïti est réalisable. Le plus grand hommage qu’on puisse rendre à ces vaillants combattants de la liberté est de reconnaître que nous n’avons pas été capables d’organiser la résistance au mensonge et au mal. Pourtant, ils nous ont appris la poésie de la guerre, de son organisation, pour rétablir les équilibres. On ne peut qu’apprendre d’eux, de la guerre, de la fièvre de cette poésie, pour une floraison tardive. Question de prolonger, de compléter et de dépasser leur œuvre inachevée. En manifestant notre volonté inébranlable d’inventer d’autres formes de combat à partir de leur inspiration, nous apporterons des réponses à la question liée à la question de notre libération. Car notre incapacité d’agir est avant tout une impuissance mentale. D’où la nécessité du déblocage de la pensée.
Une question liée à la question est d’expliquer comment un président élu sans majorité parlementaire arrive à exercer malgré tout la dictature présidentielle. Ceci éclaire la réalité dégoutante et révoltante du groupement INITÉ de René Préval en démontrant que la classe politique est inacceptable dans sa normalité et non pas dans ses excès. Ceci est encore plus paradoxal si on se réfère à l’ex-Premier ministre Robert Malval qui écrit : « les Constituants de 1987, en consacrant l’hégémonie du Parlement dans une société sans traditions parlementaires et en affaiblissant l’Exécutif en le scindant, ont malgré eux, ouvert la voie aux imposteurs et aux opportunistes de tous bords[2]. » L’observation de Malval, tout en ne s’arrêtant pas assez à l’analyse du gauchisme confus et mal organisé, a l’intérêt d’indiquer en partie l’origine de la dérive contemporaine de la société politique. Mais l’arrogance de l’imbécillité est loin de siéger au Parlement qui dispose de moins de 2% du budget national. Cette arrogance stupide réside essentiellement au sein du pouvoir exécutif qui utilise les cordons de la bourse pour se garantir à chaque dossier le soutien d’une majorité de parlementaires. Le président est déclaré irresponsable dans une circularité où il détient l’immunité.
Le président Martelly s’est constitué lui-même prisonnier des témoins de sa participation à la réunion chez Gary Lissade. Il est un homme traqué qui ne peut s’assurer de la lâcheté permanente de ceux qui étaient présents. N’importe quel matin, une de ces personnes peut prendre conscience et décider de faire résistance au mal. D’une part, le président Martelly n’a pas l’argent pour acheter toutes les consciences. D’autre part, l’intelligence humaine mettra toujours l’être humain avant l’argent. Dans cette situation, les gens qui accompagnaient le président Martelly à cette réunion vont se haïr et se mépriser eux-mêmes tout en haïssant et méprisant le président Martelly. En ce sens, il est fort possible que la défaillance ne sera que passagère pour les chauffeurs, agents de sécurité, advance teams, qui accompagnent le président de la République quand il se déplace. Après ils auront beau jeu de dire que ces gens-là étaient des vendus.
Lòbèy sou lòbèy
Une question liée à la question de la vérité est que tous ces gens-là tiennent le président de la République par la gorge. Tout comme on l’a vu avec le jeune Sherlson Sanon dénonçant ses anciens patrons. Le président est obligé de payer grassement ces gens pour acheter leur silence. Ces derniers en fait jouent avec leurs vies car le seul moyen pour le président Martelly de s’assurer de leur silence est de les liquider physiquement. La discrétion d’une centaine de personnes qui n’ont pas de gros intérêts personnels en jeu est en compétition avec leur propre existence. Cela nous replace au cœur du mélodrame créé par un président bel mèvèy. Il est toujours sur une scène recherchant les applaudissements de la galerie. Pour sortir de ce pétrin, le président Martelly va probablement inviter Madame l’Ambassadeur américain à déclarer qu’il ne pouvait être chez Gary Lissade car il était en tête-à-tête avec elle à ce moment précis !!!
Le champ social et politique est manipulé par les puissances extérieures qui ne ratent pas une occasion pour se donner bonne conscience de l’esclavage et de la colonisation en démontrant l’incapacité des peuples noirs à se gouverner eux-mêmes. Haïti qui a été le premier peuple noir à s’affranchir de l’esclavage doit donc démontrer cette incapacité que les racistes veulent congénitales, avec la complicité de ses propres élites. C’est à partir de ces considérations qu’il faut comprendre pourquoi l’imposition de présidents idiots, tout en n’ayant l’air de rien, est d’une importante conséquence. Une question liée à la question est celle de l’appui donné par l’Occident chrétien aux dictatures les plus ridicules dans sa recherche d’une bonne conscience.
Le gouvernement Martelly-Lamothe est mêlé à toutes les affaires louches qui serrent le cœur d’Haïti comme dans un étau. Lòbèy sou lòbèy. Il est allé trop loin. Il ne peut plus s’arrêter. Et vogue la galère. Martelly est persuadé qu’il peut tout se permettre. En faisant régner la loi du sans scrupules, les criminels ont édifié leur chef d’œuvre de misère, de désespoir et de terreur. Pour l’éternité car, selon eux, l’opposition ne peut pas aller loin, les ressorts de l’action sont cassés à tout jamais, à coups de carnavals. L’érosion des valeurs et la décomposition sociale depuis 1986 ont persuadé ces milieux que le changement est impossible. Dans leur entendement, la société haïtienne est condamnée à la dérive. C’est là l’ancrage du président Martelly et de ses partisans. Un enracinement dans la confusion.
Le dévoiement orchestré par l’Article 400 du Code d’Instruction Criminelle
Mais la plus importante question liée à la question de l’intervention du président Martelly auprès du juge d’instruction Jean Serge Joseph est celle des lacunes structurelles du système judiciaire haïtien. En effet, les lois conservées sous le régime des tontons macoutes de Duvalier ont verrouillé l’institution judiciaire en la faisant dépendre essentiellement du président, premier bénéficiaire de la délinquance financière. C’est là que le bât blesse. Le Juge d’Instruction n’est pas libre de ses mouvements. Il est obligé de demander l’autorisation du président de la République pour commencer toute enquête préliminaire. Il importe de bien comprendre cet aspect de la pathologie de la justice haïtienne si on veut vraiment y remédier. Nous convions ceux et celles qui auraient encore des illusions sur l’État marron haïtien à méditer l’Article 400 du Code d’Instruction Criminelle de 1985 en vigueur qui dit ceci :
« Art. 400.- Les grands fonctionnaires de l’État ne pourront jamais être cités comme témoins, même pour les débats qui ont lieu en présence du jury, si ce n'est dans le cas où le Président d’Haïti, sur la demande d'une partie et le rapport du Secrétaire d'État de la Justice, aurait, par ordonnance spéciale, autorisé cette comparution[3]. »
Ainsi le système légal est complètement corrompu. La logique du banditisme légal est institutionnalisée. Tout le système repose sur le bon vouloir du président de la République pour qu’un haut fonctionnaire soit conduit devant la justice. Une telle procédure ne peut qu’encourager la corruption à répétition. Pas seulement pour les ministres et secrétaires d’état mais aussi et surtout pour toute la kyrielle de directeurs généraux nommés directement par le président de la République. Avec un tel bourbier de corruption de l’État marron que nous avons analysé sous toutes les coutures[4], on comprend que les démocrates soient condamnés à manger leur chapeau dans ce pays. En effet, tous les présidents d’Haïti se sont prêtés à la manœuvre de dire le droit. Rappelons que l’Article 400 du Code d’instruction criminelle de 1985 est la reproduction de l’article 407 du Code d’instruction criminelle de 1826 élaboré sous le gouvernement de Jean-Pierre Boyer[5].
La contribution fondamentale du Juge d’Instruction Jean Serge Joseph a été justement de tester la prédominance de la présidence sur le judiciaire en essayant de donner un sérieux coup de ménage. Personne ne s’attendait à ce qu’il demande l’autorisation au président de la République pour convoquer les hauts fonctionnaires mêlés aux affaires de corruption dont des membres de la famille présidentielle. Ce faisant, il expose la tare congénitale du système, laquelle tare est l’effet d’une politique largement définie et mise en œuvre par des centres de décision extérieure. Résultat catastrophique pour lui car il est tué, mais positif pour le pays qui est amené à prendre conscience d’une forfaiture qui dure depuis le président Boyer. Un dépoussiérage en bonne et due forme est à faire. En refusant de gommer les outrances les plus criantes du système dont la plus importante demeure l’autorisation spéciale que doit accorder le président de la République pour la comparution de tout haut fonctionnaire devant la justice.
Une arme de destruction massive
Avec l’Article 400 du Code d’Instruction Criminelle, le président de la République possède les stratégies de contournement pour neutraliser les actions de n’importe quel juge. L’Article 400 organise un hold-up présidentiel sur la justice et offre une parade au président de la République pour vider de sa substance toute lutte contre la corruption. Les dispositions de ce maudit Article 400 mettent la société entière sous son contrôle. À cet égard, nou pran ou nou pri, et il faut sortir du système complètement pour trouver une voie de rédemption. Ces lourds dysfonctionnements s’appliquent à toutes les juridictions, préexistent aux gouvernements X ou Y et constituent le mode de gestion de l’État marron pour paralyser la machine judiciaire.
Il faut espérer que les commissions parlementaires jetteront un œil neuf sur ces dérives pour les corriger. Mais il faut de la vigilance pour se battre contre les assassins. On a vu le Parquet faire appel à la décision du Juge d’Instruction alors que ce dernier n’est même pas encore au fond de l’affaire. Et on a entendu le président Martelly répéter, comme un mauvais perroquet, l’argument tout à fait faux que le Juge d’Instruction a été dessaisi du dossier de corruption concernant la famille présidentielle. L’appel sur jugement préparatoire n’est pas suspensif et le Juge d’Instruction n’en était pas encore aux questions de fond. C’est donc un médiocre brouillage de piste qui ne résiste pas à la moindre analyse sérieuse. La lutte pour l’établissement d’un État de droit doit avancer de pair avec celle de l’instauration d’un État de justice.
De multiples scandales pavent les allées du pouvoir Martelly. Le roi est nu. Il n’a ni cellule de crise ni équipe d’intervention. Nous sommes passés sans transition du one-man show de Chez Florvil et du Garage à la cacophonie de l’homme-orchestre-président. Les scories du présidentialisme absolu des 19e et 20e siècle constituent un corpus juridique qui donne au président Martelly les mécanismes nécessaires pour persécuter les citoyens. Le peuple haïtien a pour tâche de traquer son présidentialisme absolu pour éviter que cela ne devienne le principe directeur de la gouvernance en Haïti. La question n’est pas technique. Elle est hautement politique. L’ordre établi de l’immunité du président est une arme de destruction massive qui encourage la délinquance sous toutes ses formes. Les Haïtiens se doivent d’entreprendre un grand chambardement dans ce domaine. C’est la meilleure façon de rendre justice au juge Jean Serge Joseph et de préserver son héritage.
Economiste - Historien
[1] Kim Ives, « Le sénateur Moïse Jean-Charles dénonce Martelly ! - Le Gouvernement de Martelly/Conille est une “véritable gagòt ” de corruption, de népotisme et de pots-de-vin », Haïti Liberté, 19 juillet 2013.
[2] Rober Malval, « Une main pour arrêter le glas », Rencontres, numéro 28-29, Mars 2013, p. 50.
[3] Code d’Instruction criminelle, P-au-P, 23 Septembre 1985.
[4] Leslie Péan, - Economie Politique de la Corruption, Tome IV, L’Ensauvagement macoute et ses Conséquences (1957-1990), Paris, Editions Maisonneuve et Larose, 2007 ; Économie politique de la Corruption -- Le Saccage, Tome III, Paris, Maisonneuve et Larose, 2006 ; Haïti : Économie Politique de la Corruption -- L’État marron (1871-1915), tome II, Paris, Maisonneuve et Larose, 2005 ; ; Haïti : Économie Politique de la Corruption (1791-1870), tome I, Paris, Maisonneuve et Larose, 2003.
[5] Code d’Instruction criminelle, P-au-P, Imprimerie du Gouvernement, Décembre 1826, p. 98.
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