Analyses & Opinions
Western spaghetti à l'haïtienne
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- Catégorie : Opinions
- Publié le mercredi 16 janvier 2013 21:35
Les mots sont de sortie comme les Colt dans un bon vieux western spaghetti de Sergio Leone sur grand écran au Rex ou au Paramount. On parle comme on tire. On utilise la bonne tirade pour faire mouche.
Chaque politicien haïtien est Fernando Sancho, armé d'une mitrailleuse Gatling, nettoyant les rangs de ses ennemis dans un film cow-boy de la belle époque des drive-in en plein air à Delmas.
Prenez siège, en ce début d'année, la politique haïtienne fait son cinéma. Député contre député. Ministre contre politicien. Ministre contre député. Politicien contre député.
Le concours de vuvuzela, débuté au palais législatif à l'occasion de la rentrée parlementaire de lundi, s'est poursuivi aujourd'hui sur les ondes. Une conférence de presse a même été organisée, mardi, à la Primature. Chaque camp tempête son point de vue, claironne ses arguments. Minimise sa gêne, maximise ses gains.
Personne ne pense passer l'éponge sur la flaque. Chacun fait de son mieux pour prolonger le jeu dans la mare aux crabes.
« L'individualisme et l'anarchie sont les piliers du monde du western spaghetti... la loi est celle du plus fort. La violence, l'argent et le sexe sont les moteurs omniprésents de l'action. Mais la plupart de ces histoires totalement dénuées de morale sont empreintes d'un humour qui fait basculer les tueries du côté du grand guignol», ce petit extrait de Wikipédia dans l'article qui traite du western spaghetti a un goût de politique à l'haïtienne.
Si vous ne voyez que les images projetées de ce côté de la salle, vous ratez alors le spectacle total. Sur les 360 degrés d'une scène octogonale se jouent plusieurs tableaux simultanément.
Le bloc Parlementaires pour le renforcement institutionnel ( PRI) et le Premier ministre ont convenu de se rencontrer. Après la réunion avortée vendredi dernier, puis samedi, rendez-vous est pris pour le 18 janvier en cours. On parle de désistement dans le rang des minoritaires, de transferts mirobolants, de réajustement des positions.
Le bloc Parlementaires pour la stabilité et le progrès (PSP) va-t-il rafler tous les postes du bureau de la Chambre des députés pendant qu'alliés et ennemis du gouvernement se sont entendus pour le statu quo au Sénat ? La politique est un plat de spaghetti, sauce créole, qui se mange en groupe.
Pendant ce temps, les visites de janvier se poursuivent. Nous sommes sous la loupe de nos amis.
Avec le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, Hervé Ladsous, c'est Bill Clinton qui était dans nos murs la semaine dernière.
Avant eux, Leonel Fernandez, ex-président dominicain, a visité l'université de Limonade. Pour février, on annonce la visite du président dominicain Danilo Medina. Si aucune date n'est encore annoncée pour la visite de Sebastian Pinera, le président chilien sera en Haïti sous peu.
Mercredi, le secrétaire d'Etat adjoint américain pour la démocratie, les droits de l'homme et du travail, Michael Posner, donne une conférence de presse. Chacun de ses mots devra être décortiqué.
Après la sortie de Julian Fantino, qui a noyé le gel de la coopération canadienne avec Haïti dans un bassin de fiel, la moindre sortie d'une autorité d'un des pays amis d'Haïti peut nous jeter dans des troubles sans nom.
Dans un communiqué publié samedi à l'occasion du troisième anniversaire du séisme, Catherine Ashton, la haute-représentante de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a signalé que la mise en œuvre de l'aide au développement de l'UE en faveur d'Haïti durant les trois ans après le séisme avait connu des difficultés en raison de l'instabilité politique dans ce pays, qui « a entravé les efforts de coordination et l'exécution des programmes de développement ».
Le mal est pointé du doigt : notre « instabilité politique ». Elle nuit au développement et au bon rendement de l'aide à nous octroyer.
Si les politiciens d'ici ne s'évertuaient pas à faire autant de bruit ou, champions de l'esquive, ne jouaient pas aux toréadors, le message serait parvenu jusqu'à eux...
Frantz Duval
Le Nouvelliste
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