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Le goudougoudou permanent

frantz-duvalIci on ment. Aux vivants comme aux morts. Aux morts encore plus. Et jusqu'ici, de manière éhontée, à ceux fauchés par « goudougoudou », a écrit de sa meilleure encre Roberson Alphonse dans cette édition du Nouvelliste

Oh, que c'est vrai !!!

Le président René Préval n'avait pas tenu sa promesse faite en 2011. Pas le temps, pas l'envie.

Martelly n'a pas respecté la continuité de l'Etat.

Le monument aux victimes du 12 janvier promis par Préval ne sera jamais érigé sur le terrain de l'ancien local de la Direction générale des impôts. Le futur ministère de l'Intérieur de Martelly a pris la place. Les tracteurs troublent le repos des morts jour et nuit pour mener à bien le chantier.

Quand les chefs le veulent, l'Etat peut. Doit se mettre en quatre pour les satisfaire.

A la mémoire des disparus du 12 janvier 2010, plus de 200 000, le monument promis il y a un an par le président Michel Joseph Martelly est encore, lui aussi, dans les limbes.

Sur le site où il devait être érigé, à Titanyen, il n'y a que la grosse pierre. Celle estampillée « Nou pap jan m bliye w », posée sur une estrade, presque au centre d'une fosse commune, en contrebas d'un monticule parsemé d'herbes sauvages ondulant sous les bourrasques, a constaté Alphonse sur place, mardi, à quatre jours du troisième anniversaire du 12 janvier 2010.

Nous sommes embrassés avec le tremblement de terre. Nous ratons le devoir de mémoire comme l'exigence de la reconstruction.

D'autres se souviennent pour nous, construisent l'avenir à notre place.

Moins d'un an après avoir tenu sa promesse et remis les clés de l'annexe de l'Université d'Etat d'Haïti de Limonade, le président Leonel Fernandez est revenu sur les lieux ce mardi.

Il a remis un important lot de treize mille ouvrages pour la bibliothèque de l'Université.

Ah, dire que Fernandez n'est plus président !

C'est le citoyen, homme de savoir, qui marque le premier anniversaire de son cadeau inauguré le 12 janvier, l'an passé. Après les murs, l'homme d'Etat dominicain ornera les cerveaux de nos étudiants avec les livres offerts.

Quel organisme de la société haïtienne à déjà offert à une université des livres ?

Depuis plusieurs semaines, le rectorat, l'Ecole normale supérieure et l'Etat haïtien s'entredéchirent sur une proposition du Japon de construire le local pour le centre de formation de nos professeurs.

Le dossier traîne. Le Japon accorde délai sur délai. Nous, nous conjuguons le verbe "perdre son temps" à tous les modes. Dévalorisons l'éducation et désacralisons les éducateurs.

Pas de relève sans une école forte, pas d'école forte sans professeurs bien formés. Pas de formation sans de bonnes universités. Pas de bonnes universités, dit pays faible. Pas de relève possible de la société. Le cercle vicieux haïtien.

Qui pourra nous expliquer le B-A BA de la construction d'une société ?
Au lieu de penser, nous battons la campagne tous les jours pour savoir où débusquer la gale à mettre sur nos boutons. Nos abcès et nos furoncles ne nous occupent pas assez, nous rêvons de peste, de lèpre.

Nous ne respectons pas nos morts, méprisons nos semblables, insultons l'avenir avec appétit. Le 12 janvier est une catastrophe quotidienne, et ce, dans tous les secteurs

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste

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