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Suspense ministériel

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Il est bruit dans la cité qu'un remaniement ministériel est imminent. Un changement de gouvernement, comme nous l'appelons, s'approche à grands pas. Pour certains, un vœu vieux est exaucé, l'arrêté de nomination, vainement attendu avant Noël, sera un cadeau du nouvel An.

Chacun y va de ses arguments, de ses expertises, de sa connaissance du milieu. L'espérance de miser sur le bon poulain ou la rage de déjà perdre une auguste mangeoire colorent les propos.

On commente : une nécessité, une obligation que ce tour de passe-passe au mitan de la rivière. Une impasse ne permet jamais de trouver le chemin du grand large, estiment pourtant des observateurs avertis.

Après environ un mois de cogitations, le remaniement est à point. Au plus haut niveau, personne ne confirme, personne ne dément.

L'infernale machine à rumeurs est en route et cela suffit à permettre les plans sur la comète, la préparation des discours. Que l'on soit dans le camp du président ou dans celui du Premier ministre, les deux « nominateurs », croire en son destin s'impose en ces heures d'attente et de doute.

Ici et là, on cite déjà les noms des partants. On parie sur ceux qui changent de ministère. On identifie les futurs recyclés. On ironise sur "les remis à leurs parents".

Au gouvernement, l'innocence ne sauve aucun fauteuil. L'efficacité rarement est récompensée. Durer s'alimente à la source d'un mélange d'audace et de ténacité. Partir confirme une faiblesse, une légèreté, une incartade, un désamour. Des fois, rien de tout cela.

Il y aura des losers chanceux et de brillants maladroits comme à chaque fois que la charrette conduit au journal Le Moniteur la brassée des élus.

Devenir ministre, le rester, survivre après la chute du ministère, se morfondre, se ronger les sangs dans l'attente de remonter en selle, ne pas s'en remettre, grandir, flétrir, dépérir, le cycle de l'avant, comme celui de l'après, est imprévisible pour un ministre ou un ministrable.

Le mal-gouvernement, la non-gouvernenance d'Haïti trouve sa source dans le temps perdu à faire les changements comme dans les prémices qui imposent les changements de gouvernement.

Souvent, les gouvernements ne gouvernent pas, faute de ne même pas savoir que cette mission, cette fonction est attendue de ceux qui les forment.

Les ministres de 2013 auront-ils enfin une lettre de cadrage, une liste de commissions, des objectifs, un but fixé, ou devront-ils, comme leurs prédécesseurs, chercher dans le brouillard des ambitions le fil à tirer pour s'inventer une mission et des responsabilités ?

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste
Caricature: Vladimyr Joseph

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