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Vidéo: Juge Anel Dimanche tout de rose vêtu a procédé à l’arrestation de 3 journalistes du Nouvelliste.

juge-anel-dimanche-tout-en-roseJuge tout en rose: Anel Dimanche

Trois journalistes du Nouvelliste arrêtés et auditionnés avant d'être libérés

Natacha Bazelais, Jean Marc Hervé Abélard et Jeanty Junior Augustin, journalistes reporteurs d'images au quotidien Le Nouvelliste, ont été arrêtés à Delmas 33 prolongé, zone Gérald Bataille, sur ordre du juge de paix de Delmas, Anel Dimanche, jeudi 20 septembre 2012, avant d'être libérés en fin d'après-midi après leur audition au tribunal de paix de Delmas.

Aux environs de 10 heures du matin, un accident de la circulation se produit à Delmas 33, zone Gérald Bataille. La rumeur fait état d'un bilan de plus de dix morts. Le Nouvelliste est alerté. L'équipe multimédia arrive sur les lieux une heure après. Il n'y a qu'une seule personne tuée sur place et une autre décédée quelques instants après à l'hôpital.

Deux journalistes du Nouvelliste filment la scène et un autre s'occupe de la photographie. Quarante-cinq minutes plus tard, un homme, en costume bleu marine, chemise et cravate rose, se présente sur les lieux, accompagné d'une femme qui a une chemise à la main.

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« Ne filmez pas », ordonne-t-il à Natacha Bazelais qui filmait. La vidéographe lui répond qu'elle ne le prend pas en image, qu'elle ne fait que filmer la scène.

« Donnez-moi votre appareil pour que j'efface les images. Sinon je vous arrête », menace l'homme qui se présente comme un juge sans s'identifier. Il est Anel Dimanche, juge de paix de Delmas.

La journaliste refuse de remettre la caméra. « L'appareil n'est pas à vous, c'est la propriété du Nouvelliste. Je ne peux pas vous le donner », répond la journaliste.

Le juge se sent offensé, outragé. Il ordonne à deux policiers sur place de confisquer l'appareil. Ces derniers hésitent. Le juge leur ordonne de procéder à l'arrestation de la journaliste. L'un des policiers hésite encore une fois. « Je vous ordonne de faire quelque chose et vous hésitez ! », tempête-t-il.

Les échanges pleuvent. L'un des policiers veut exécuter l'ordre du juge de paix. Lutte entre agents et journalistes pour s'emparer de la caméra des mains de Natacha. Bousculée, elle est forcée à monter à bord d'un véhicule de la police stationné à quelques mètres. Solidarité oblige, d'autres journalistes présents décident d'accompagner leur consœur. Ils passent près d'une heure à attendre du juge qui fait le constat légal de l'accident.

Une fois le constat terminé, les journalistes sont conduits au commissariat de Delmas 33. Ils y passent une quinzaine de minutes avent d'être amenés au tribunal de paix de Delmas pour être auditionnés. Il est 3 heures et quelques minutes. Le commissaire du gouvernement vient d'arriver pour assister à l'audition. Les trois journalistes sont retenus pour « outrage à la magistrature » et « voies de fait » contre des policiers.

Les heures passent. Des coups de fil sont passés également. La nouvelle fait la une des nouvelles. L'audition se poursuit. Peu après 18 heures, l'affaire est classée. « Il s'agissait d'une tempête dans un verre d'eau. Les deux parties ont fait amende honorable », déclare le chef du parquet à sa sortie du tribunal, soulignant que les « conflits entre les institutions ne nous mèneront nulle part ».

Valéry Daudier