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Haiti – Palais National, repaire de corrupteurs
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- Publié le dimanche 16 septembre 2012 14:56
Des scandales de corruption ont successivement éclaté au palais présidentiel d'Haïti, impliquant directement le président Martelly, sa femme Sophia Saint-Rémy Martelly, son fils, Olivier Martelly. Le président a même tenté de légaliser une sorte de culture de la corruption active qui a pris plusieurs formes : népotisme, malversation, concussion et des offres de toutes sortes, soit pour sa famille, soit pour obtenir de faveurs des autorités établies en récompense d'accomplissement d'actes délictueux.
Suite aux dénonciations faites par Me. Newton Saint-Juste indexant des membres de la famille présidentielle, sa femme, Sophia Martelly et son fils Olivier Martelly, deux arrêtés présidentiels ont paru dans le journal officiel, Le Moniteur. Le premier daté du 24 janvier 2012, supplément du No. 10, portant création de la Commission Nationale de Lutte contre la Faim et la Malnutrition (COLFAM) et établissant le programme « Aba grangou » dirigé par Mme Sophia Saint-Rémy Martelly, évalué à des centaines de millions de dollars US, inclus dans une résolution prise en Conseil des ministres. Le second arrêté daté le 15 juin 2012, du Moniteur No. 94, créant la Commission d'Appui à la Coordination des infrastructures de Sport et d'Accompagnement de la Jeunesse haïtienne (CACISAJH) dirigée par son fils Olivier Martelly. Dans les deux cas, il y a les ministères des Affaires Sociales et de la Jeunesse et du Sport qui doivent s'en occuper.
Selon une sommation de Me. Newton Saint-Juste, faisant injonction au président Martelly de rentrer immédiatement ces arrêtés qui : « Sont contraires à la constitution, aux lois en vigueur et aux principes généraux du droit et constituent des atteintes à la stabilité des Institutions républicaines et une duplication susceptible de servir de prétexte pour dilapider les maigres derniers publics appartenant à tous citoyens haïtiens », a-t-il écrit dans cette sommation signifiée au président Martelly. Il a, en outre, dénoncé le caractère népotisme de tels actes.
Outre ce scandale qui éclabousse la famille Martelly, le conseiller spécial du président Martelly au palais national, l'ex-sénateur du Sud'Est, Joseph Lambert a dévoilé toutes les malices cachées sur les antennes des stations de radio de la capitale. Il a pointé du doigt le président Martelly et le président de la Chambre des députés, Levaillant Louis-Jeunes dans un scandale de corruption caractérisée. Selon la déclaration de Lambert, le vice-président de l'Assemblée Nationale a reçu 15 mille dollars et une machine blindée du président Martelly en échange de la nomination en dehors des règles établies et de concert avec le président de l'Assemblée Nationale, Desras Simon Dieuseul pour choisir les trois (3) représentants du pouvoir législatif au Conseil Electoral dit Permanent.
«Levaillant a reçu 15 mille dollars US et une machine blindée du palais national. Il a signé pour les recevoir », a tempêté Joseph Lambert. Plus loin, Joseph Lambert a précisé : « Levaillant est venu au palais national à 7 heures du matin pour récupérer cette somme. On voulait la lui donner en gourdes, il a dit non et qu'il la voulait en dollars. Ce n'est pas non plus de subvention qu'il s'agit, parce qu'il y a une forme à remplir pour obtenir une subvention. Il a réclamé 15,000$US ».
Si ce n'est pas une subvention, c'est de la corruption, dont le président Martelly est le corrupteur et le président Levaillant le corrompu. La corruption qui est une infraction au rang de délit et qui a une conséquence grave sur la vie économique et sociale du peuple haïtien est un «comportement pénalement incriminé par lequel sont sollicités, agréés ou reçus des offres, promesses, dons ou présents à des fins d'accomplissement ou obtention de faveur ou d'avantages particuliers». (Lexique des termes juridiques, Dalloz)
En réaction, Levaillant Louis Jeunes a confirmé qu'il a reçu 10 mille dollars au palais national pour préparer la visite du président Martelly à Desdune à l'occasion de la fête patronale. Le président Martelly a retenu 5 mille dollars pour son fils Ti Micky, sous prétexte qu'il allait jouer également. « Joseph Lambert veut détruire le Parlement », a-t-il lancé.
Le sénateur Moïse Jean Charles a déjà dénoncé ce scandale de corruption. Il avait prédit que les présidents des deux Chambres, Desras Simon Dieuseul et Levaillant Louis Jeune allaient recevoir chacun de fortes sommes et une machine blindée pour nommer à leur manière les 3 représentants au CEP au grand dam de l'assemblée. Lors d'une émission sur les ondes d'une station radiodiffusée à la capitale, le mercredi 5 septembre 2012, le sénateur des Nippes, Jean William Jeanty a déclaré : « chaque parlementaire a son prix ». Qu'on soit président, secrétaire, questeur, président de commission, chacun a son prix au Parlement. Selon l'ex-président de la Chambre basse, Saurel Jacinthe, les trois grands pouvoirs se sont entendus pour doter à l'instar du président de la République les autres présidents, du Sénat, de la Chambre des députés et de la cour de Cassation de véhicules blindées.
Le conseiller du président, Joseph Lambert a rejeté cette déclaration : « C'est la voiture du palais national. Levaillant Louis Jeunes a 24 heures pour remettre cette voiture, sans quoi je remets ma démission et personne m'aurait forcé d'y revenir », a-t-il fulminé.
Ces derniers temps la corruption fait scandale dans les plus hautes sphères de l'Etat. A cause de corruption, la nomination du président de la Cour de Cassation, devenant automatiquement président du Conseil supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a enfreint les prescrits de la loi. Les deux présidents du Parlement ont usé de toutes les manœuvres pour essayer de nommer les représentants au CEP de Martelly. La famille Martelly est empêtrée dans une sale affaire de corruption sous prétexte de réalisation d'œuvres sociales avec des fonds de l'Etat. La corruption est devenue la toile de fond du gouvernement KaleTèt de Martelly/Lamothe.
YVES PIERRE-LOUIS
Source: Le Congolais
Publication originaie: Haiti Libre