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L’avion espion qui nous survole …
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- Catégorie : Actualités
- Publié le mardi 31 juillet 2012 15:14
Rapports de Force:
Depuis quelque temps un avion espion américain sans pilote survole l’île d’Haïti partagée entre Haïti (à l’ouest) et notre voisine la République Dominicaine.
L’opération a été tenue jusqu’ici entièrement secrète. Cependant on vient d’apprendre par la presse dominicaine que Washington a décidé d’y inclure officiellement nos voisins.
La Secrétaire à la Sécurité publique des Etats-Unis, Janet Napolitano, invite le gouvernement dominicain à la signature d’un accord régularisant le survol du territoire de ce pays.
On apprend que l’avion muni de l’appareillage électronique le plus pointu est destiné à surveiller les mouvements de trafic de drogue.
De là -haut il serait capable de repérer jusqu’au détail le plus infime à la surface de la terre, disent les journaux dominicains.
Tandis que lui-même se déplace si lentement et silencieusement que ce véritable robot volant passe facilement inaperçu. Des gens auraient même rapporté avoir vu une soucoupe volante !
Selon un câble de Wikileaks …
Mais comment survoler la république voisine sans Haïti également. Pourtant on n’a point entendu que notre pays ait été invité à signer un accord similaire ?
Plusieurs hypothèses :
- . Haïti est-elle un pays occupé, auquel cas c’est l’occupant qui décide ?
- . Ou les dirigeants haïtiens qui n’estiment pas nécessaire de renseigner leur peuple ?
- . Ou à eux qu’on ne fait pas suffisamment confiance ?
- . Ou notre prestige national qui est tombé si bas au point de s’être totalement évanoui ?
Car au plan moralité politique, nous n’avons rien à envier à nos voisins aussi impliqués dans la corruption et le blanchiment. C’est le rapport annuel du Département d’Etat qui l’atteste.
Récemment des officiers supérieurs, dont des membres de la garde personnelle du chef de l’Etat, Leonel Fernandez, ont eu leur visa révoqué par l’immigration américaine.
Fernandez lui-même se serait avoué impuissant à contrôler la corruption au sein des forces armées - si l’on en croit un câble Wikileaks révélant des confidences du président dominicain aux officiels de l’ambassade des Etats-Unis à Santo Domingo.
Une dernière frontière pour le FBI et la DEA …
Le président Michel Martelly dans son plan pour restaurer l’armée d’Haïti (dissoute en 1995 pour violations massives des droits humains) n’a-t-il pas placé tout en haut le SIN (Service d’intelligence national) ?
Or qu’est-ce qu’une telle entité en Haïti sinon un appendice, un out-post, une dernière frontière pour le FBI et la DEA (police anti-narcotiques). Et éventuellement aussi la CIA ?
Par conséquent pourquoi faire davantage confiance aux Dominicains qu’à nous autres ?
La question n’est probablement pas là . N’oublions pas notre épithète : Haïti pays en faillite !
Et nos voisins dominicains ne se sont pas faits prier eux non plus pour le crier par-dessus tous les toits.
C’est tout à leur profit. La loi de l’isostasie, comme disaient nos anciens profs. Rien ne se perd, rien ne se crée. Ce qui est perdu par-ci est gagné par-là .
Parce qu’un jeune fou vient de fusiller d’une seule rafale 13 personnes dans un cinéma de Denver (Colorado) et blessé une cinquantaine d’autres, cela fait-il pour autant des Etats-Unis une entité chaotique ingouvernable ? C’est la seule accusation que Mit Romney n’a pas portée contre Obama.
Deux occupations étrangères en moins de 20 ans …
Il faut donc en venir à un autre critère beaucoup plus évident : la stabilité. Ce n’est un secret pour personne que Haïti n’est pas un Etat stable. Ni, aujourd’hui encore, même quand nous fêtons deux carnavals par an - dans un état stable.
Plus de deux occupations étrangères en moins de 20 ans, la présence depuis 8 ans d’une force de maintien de la paix, mais c’est aussi une économie sous constante perfusion. Le seul PMA du continent. Et ça ne nous suffit toujours pas !
Alors que de l’autre côté de la frontière, des présidentielles avaient lieu en mai dernier comme dit l’expression créole : ‘sans bruit sans compte’ et que Fernandez passera l’écharpe présidentielle à son successeur sans même qu’on s’en aperçoive, en Haïti on n’est pas foutu de s’entendre sur la formule pour renouveler même le tiers des membres du Sénat et, qui pis est, ce qui a constitué jusqu’ici notre seule et unique communauté de vues, comme on dit encore : la loi mère (‘manman nou’), la Constitution qui soudain, comme le manteau d’Alexandre, se retrouve déchirée, déchiquetée entre des mains que tout oppose les unes aux autres et qui ne peuvent s’entendre sur rien … même le plus essentiel pour la survie d’une nation !
La vie est un carnaval ! …
Vous mêmes feriez-vous confiance à de pareils jobards ? Ceux qui tirent profit d’une telle faillite doivent bien rire dans leur barbe. Y compris probablement quelques-uns dans nos propres rangs. ‘Dans nos rangs, point de traitres’ ???
Conclusion : ce n’est une affaire ni de moralité publique ni de dignité nationale (comme on voudrait nous le faire croire - tout aujourd’hui en Haïti se résumant en une seule formule : l’humanitaire), foutaises !
Non, il s’agit d’une simple question de rapports de force. Purs et durs. Rien ne se perd rien ne se crée. Ce que nous avons perdu, un autre l’a déjà récupéré et il ne va pas s’en défaire pour nos beaux yeux.
Autrefois on chantait au carnaval haïtien : ‘Awoplan lan ki sòti Kiba li di se pou tout fanm vaksinen’.
Aujourd’hui l’avion nous survole sans laisser de message. Même en plein carnaval des fleurs ... Ou plutôt parce que nous pensons que la vie est un carnaval !
Source: Haiti en Marche