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Quand le chancelier Casimir prend fait et cause pour l'Onu

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Deux ans après l'apparition des premiers cas de choléra en Haïti, particulièrement dans la commune de Mirebalais avant de se propager dans les différentes agglomérations que baigne le fleuve Artibonite pour s'étendre dans tous les départements du pays, le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Pierre-Richard Casimir, écarte toute possibilité d'intenter une action contre les Nations unies aux fins de dédommager les parents des 7 000 victimes de cette maladie. Lors d'une audition devant les membres de la commission Santé de la Chambre basse le vendredi 19 octobre en cours - les premiers cas de choléra ont été recensés le 19 octobre 2010 - le chancelier haïtien a pris la défense des Casques bleus népalais en déclarant qu'il n'y a pas assez de preuves pouvant établir la responsabilité des soldats de l'Onu dans l'introduction de la maladie en Haïti.

Soixante-douze heures après cette déclaration fantaisiste du chef de la diplomatie haïtienne, une nouvelle étude sur le choléra en Haïti, parue dans un article de la BBC News, a cloué au pilori l'organisation mondiale dans le cadre de ce dossier, en soutenant la thèse que cette maladie a été introduite en Haïti à partir du camp des Casques bleus népalais de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) à Mirebalais. Abondant dans le sens des deux autres études réalisées sur le choléra par des experts danois de l'Université technique du Danemark et celle des Américains de Transnational Genomics Research Institute en Arizona, le Dr Daniele Lantagne a expliqué que la souche de choléra en Haïti est une copie de la souche de choléra au Népal. Cet expert a corrigé sa position par rapport à celle qu'il avait en 2011 lorsqu'il était mandaté par l'Onu en compagnie d'autres experts pour enquêter sur l'origine du choléra en Haïti. Cette nouvelle position du Dr Lantagne prouve que les résultats de l'enquête de l'Onu étaient connus bien avant l'arrivée des experts en Haïti. Les nouvelles données ont changé ma vision des faits, a déclaré le Dr Lantagne pour expliquer que cette étude réalisée en Haïti sur l'introduction du choléra est scientifique et non orientée par les Nations unies.

Il va sans dire que l'administration Martelly-Lamothe n'a pas l'intention de lever le petit doigt dans le dossier de l'introduction du choléra en Haïti par les Casques bleus népalais. La position du ministre des Affaires étrangères lors de l'audition de vendredi dernier au Parlement en dit long. Les mauvaises langues diront que Martelly suit les traces de René Préval dans ledit dossier. Car, en dépit de l'inexpérience et de la méconnaissance de Mme Marie Michèle Rey de la diplomatie, elle avait su garder le sens de la mesure, en ne faisant aucune déclaration sur l'introduction du choléra en Haïti par les soldats népalais. René Préval avait gardé un profil bas en raison de la conjoncture politique et électorale qui prévalait à l'époque. L'homme de Marmelade ne voulait sans doute pas intenter une action en réparation contre l'Onu pendant que les soldats de la Minustah veillaient sur sa sécurité. Michel Martelly n'est-il pas prisonnier de cette situation embarrassante à cause de la présence des troupes onusiennes sur le territoire haïtien ?

Dans un sens comme dans l'autre, le chancelier haïtien fait un premier faux pas.

Lemoine Bonneau
Source: Le Nouvelliste