Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Actualités

Que va faire Martelly au Congo ?

martelly-voyage-francophonie

C'est une Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, quadrillée par toutes les forces de sécurité imaginables qui reçoit ce week-end le président Michel Martelly pour sa première visite sur le continent africain et sa première participation à un sommet de la francophonie.

Sur tout son parcours, le président haïtien va découvrir un pays en guerre qui reçoit avec mille précautions une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement le temps d'un week-end. La ville de plus de 10 millions d'habitants sera calme et sans embouteillage en l'honneur des officiels. Le gouvernement a déclaré férié le jour ouvrable précédant le Sommet - qui se poursuit samedi et dimanche.

Immanquablement, le président Martelly remarquera l'impressionant dispositif de sécurité. Le personnel chargé de la propreté est éparpillé partout, premier élément de la sécurité. Un agent de police, sanglé dans l'uniforme bleu du corps, est à chaque cinq mètres sur les grandes artères empruntées par les cortèges officiels. L'armée est déployée avec armes et bagages. La garde républicaine, responsable de la sécurité présidentielle, reconnaissable aux bérets rouges de ses hommes, kalachnikov en main, sert de dernier pilier de défense dans chaque recoin de la Maison du peuple, immense palais de marbre et de béton, offert en 1979 par la République populaire de Chine au Zaïre du maréchal Mobutu Sese Seko, et qui servira de décor principal au 14e Sommet de la francophonie.

Les enjeux pour Haïti

Dans ses petits papiers, le président Martelly apporte une demande de réaliser un des prochains sommets de la francophonie. Notre président aura de la peine à faire valider par ses pairs, les autres chefs d'Etat, cette candidature. Haïti n'est pas représentée à l'OIF au niveau d'ambassadeur et n'a pas fait le lobbying nécessaire à la réalisation d'un tel objectif.

Miracle mis à part, un autre pays aura l'honneur de réaliser le sommet qu'Haïti convoite, croit une source diplomatique à Kinshasa qui s'est confiée au Nouvelliste.
En guise de consolation, le pays devrait recevoir l'approbation de tous les pays membres pour organiser la prochaine réunion des ministres de l'Education nationale de la francophonie. Une rencontre majeure qui devrait faire venir en Haïti une cinquantaine de ministres.

Pour un gouvernement dont l'une des priorités est justement l'éducation, ce ne serait pas mal et cela constituerait une grande première pour des rendez-vous plus importants, concède, pragmatique, un haut responsable de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Le président Martelly devra profiter de son séjour pour rencontrer en tête-à-tête le président français, François Hollande, dont le ministre de la Coopération séjournera bientôt à Port-au-Prince. Ce rendez-vous avec le président Hollande atténuera la visite manquée de Martelly en France au temps de Nicolas Sarkozy.

Dans l'agenda officiel du chef de l'Etat, une rencontre protocolaire avec le secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie, M. Abdou Diouf, est prévue au programme. Les deux hommes devront faire le point sur la coopération entre Haïti et l'OIF. A Montreux, en Suisse, il y a deux ans, Haïti avait été au centre du Sommet de la francophonie. Quel bilan et quelles sont les perspectives ?

Selon le Bureau de Communication de la Présidence, en marge du sommet, le chef de l'Etat rencontrera son homologue de la République du Bénin, M. Yayi Boni, et la Première ministre du Québec, Mme Pauline Marois, fraîchement élue. D'autres rencontres, comme il est de coutume dans ce genre de réunion où les présidents et chefs de gouvernement sont ensemble, sans la présence des médias, devraient intervenir entre le Palais du peuple et les hôtels de Kinshasa.

D'autres priorités, pas de voyage en sus

A la fin du 14e Sommet dont le thème cette année est «Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale», le chef de l'Etat quittera la RDC le dimanche 14 octobre pour être de retour au pays le lundi 15 octobre 2012.

Contrairement aux informations qui avaient circulé dans les couloirs de la 67e Assemblée générale des Nations unies à New York, le voyage au Rwanda attendra, de même que celui qui devrait être effectué en Afrique du Sud.

A Kinshasa, on aurait mal vu une visite du président Michel Martelly chez le voisin de l'est du pays, le Rwanda du présidentl Paul Kagamé.
La République démocratique du Congo est en guerre non déclarée avec son voisin et compte justement sur le Sommet de la francophonie pour recueillir l'appui des participants.

D'un autre côté, avec le report à ce lundi de la première séance des parlementaires convoqués en Assemblée nationale extraordinaire, la place du président Martelly est sur le terrain, chez lui, où il doit défaire l'écheveau de la crise électorale et de gouvernance à laquelle il fait face depuis plusieurs semaines.

Ce n'est pas le temps de faire du tourisme, même diplomatique, en Afrique...

Frantz Duval
Twitter :@Duvalfrantz