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Le transport en commun dans l’Aire Métropolitaine de Port-au-Prince : une véritable épreuve.

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Soumis à Tout Haiti le 11 Octobre 2012

Par Angelo Barthold -- Durant ces dernières années la congestion est un véritable problème pour la circulation des véhicules dans les différentes communes de l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince. Ce phénomène prend de l'ampleur chaque année avec l'augmentation du nombre de véhicules en circulation sans pourtant créer de nouvelles voies routières dans la capitale. Malgré l'aggravation du phénomène, le MTPTC (Ministère du transport des travaux publics et de la communication) ainsi que le service de la circulation ne posent même pas le problème de la congestion de la circulation et de voir dans quelle mesure elle peut essayer de trouver une solution à ce problème. Pourquoi les autorités haïtiennes ne posent-t-elles pas ce problème? Est-ce la manifestation de l'indifférence vis-à-vis des conditions de transport en commun des haïtiens? Ou de l'incompétence de leur part? Elles ne font que déplorer la situation lorsqu'un drame arrive. Cependant elles ne prennent aucune mesure ni pour améliorer les conditions de transport des passagers ni pour éviter les drames en cas d'accident. Dans les lignes qui suivent je vais présenter les différentes causes de la congestion dans l'aire Métropolitaine et les mauvaises conditions du transport des passagers.

Le transport en commun dans la zone métropolitaine est assuré par différents types de véhicules sous des appellations variées : des camionnettes, des mini-bus, des « bwa-fouye », des « tap-taps ». Ces derniers transportent douze à quatorze personnes assises normalement mais fort souvent ils transportent plus que ce nombre. Toutefois ils sont surchargés dans les heures de pointe. Les passagers sont entassés, débout à l'intérieur et derrière les camionnettes. Ils se tiennent débout aussi dans les portes des autres véhicules cités plus haut. Ils ont du mal à respirer normalement. L'entassement empêche l'aération à l'intérieur des véhicules. Ce qui provoque l'hyper transpiration des passagers. Les personnes à mobilité réduite ont beaucoup de peine à déplacer dans ces conditions exécrables. À part des autobus Sony appelés couramment « bus Obama », les autres ne sont pas adaptés pour transporter les déficients physiques. Dans les heures de pointe comme les matins où les élèves, les employés et les commerçants vaquèrent à leurs activités respectives, les rues de la capitale sont congestionnées. Les gens ne peuvent pas arriver à l'heure dans les institutions et les entreprises dans lesquelles ils travaillent. Ils se bousculent pour prendre le bus. Parfois certaines personnes passent à travers les fenêtres pour rentrer dans les bus. Autrement dit c'est la loi du plus fort. Les communes telles que Delmas, Pétion-ville et Tabarre sont plus accessibles que Carrefour et la Plaine du Cul-de-sac.

Causes de la congestion dans l'Aire Métropolitaine

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L'embouteillage est un véritable problème en matière de circulation dans la zone métropolitaine. Le temps passé en bus est estimé au double et au triple de ce qu'on devrait passer. La distance entre les différentes communes de l'Aire métropolitaine est largement inadéquate au temps du transport. La distance entre carrefour et Port-au-Prince est de 8 km, celle de Delmas 73 et le centre-ville est de 3 km et Port-au-Prince et Pétion-Ville 6 km (www.tiptopglobe.com: 09/03/12). Pour sortir d'une commune pour aller dans un autre le temps passé en bus est évalué en moyenne à une heure.
Le transport en commun interurbain à Port-au-Prince n'est pas organisé. Les chauffeurs ne respectent pas les prix fixés par le MAST (Ministère des Affaires Sociales et du Travail) dans certains circuits. Le prix varie en fonction de l'heure où la température (Tôt le matin/tard le soir, bon temps/mauvais temps) notamment le circuit de Carrefour. Ce qui provoque fort souvent des malentendus entre chauffeurs et passagers. De plus les voitures s'arrêtent à n'importe quel endroit sur la route. Il n'y a pas d'arrêt pour les véhicules qui font le transport en commun. À cela s'ajoute l'absence de gare pour les bus. Les endroits de stationnement ne répondent pas aux conditions des gares. Les stationnements se trouvent fort souvent dans les rues ou dans les pompes à essence.

En milieu urbain le transport en commun est assuré principalement par deux secteurs : d'une part, il y a l'État haïtien qui met des bus dignité pour le transport des écoliers et d'autres bus pour le transport des passagers dans la zone métropolitaine. D'autre part on a le secteur privé informel. Dans l'aire Métropolitaine il est assuré principalement par ce secteur privé. De plus les autorités n'ont aucun contrôle sur les conducteurs des véhicules qui font le transport en commun. N'importe quel individu qui possède un mini bus ou autres véhicules à moteur peut lever un bon matin et prend la rue en commençant par transporter les passagers. Il n'y a aucun moyen mis en place pour contrôler si le conducteur a de l'expérience qui lui habilite à faire du transport des passagers et d'inspecter le véhicule pour voir s'il n'a pas de problèmes mécaniques. La plupart de ces véhicules sont les modèles des années 70-80 qui viennent de l'Amérique du nord (Canada, États-Unis). Certains d'entre eux dégagent des fumées nocives qui polluent l'environnement. Ces fumées sont aussi nocives pour les personnes qui les respirent. Elles peuvent entraîner des maladies respiratoires. Cependant le nombre d'autobus dont dispose l'État haïtien est insignifiant par rapport à la demande réelle de la population.
À côté des véhicules cités plus haut, les taxis motos sont de plus en plus fréquents dans le transport en commun à Port-au-Prince. Cela s'explique surtout par la congestion de la circulation. Ils deviennent le moyen de transport routier le plus rapide pour les passagers qui veulent éviter la congestion. Toutefois ces taxis ne sont pas sécuritaires pour les passagers. Ces derniers n'ont pas de casque et de protège ni pour eux ni pour les passagers. Certaines fois, ces motos sont surchargées. Ils transportent trois personnes y compris le chauffeur de taxi.

En 2009, la population du département de l'Ouest est évaluée à 3.664.620 habitants. Pour cette même année, la population de l'Aire Métropolitaine était de 2.296.386 habitants. La commune de Port-au-Prince était de 897.859 hab., celle de Delmas était 359.451 hab. et de Pétion-Ville est de 342.694 hab. Pour la commune de Cité Soleil elle est de 241.055, celle de Tabarre est de 118.447 et 465.019 pour celle de Carrefour (Institut Haïtien de Statistique et d'informatique, 2009:7-9). À remarquer, les communes qui ont le plus d'habitants sont Port-au-Prince et carrefour. Toutefois cette population est répartie de façon inégale entre les communes. La population d'Haïti a augmenté en 2010. Selon l'IHSI (Institut de Statique et d'Informatique), elle est estimée à 10.085.214 habitants, pour l'année 2010 (GTEF, 2010 : 69). Il n'y a pas de données disponibles sur le nombre de véhicules qui assure le transport des passagers pour chacune de ces communes. Donc, il devient difficile de dire que le nombre de véhicules est proportionnel au nombre d'habitants par commune. Le MTPTC n'a pas une politique de transport en commun pour le pays et en particulier pour l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince.

Signalisation des routes

La plupart des routes de l'Aire Métropolitaine n'a pas de panneaux de signalisation. Ces panneaux se trouvent sur la route de l'aéroport, Lalue, carrefour clercine, Fleurio et à Portail Léogane. Ces panneaux ne fonctionnent pas tout le temps dans les rares intersections des rues où ils existent (Portail Léogane). L'absence de panneaux de signalisation ou leur dysfonctionnement paralyse considérablement la circulation. Tous les chauffeurs veulent passer en même temps. De plus cette situation est vraiment difficile pour les piétons qui traversent les rues.

Réparation des routes

Les travaux de réparation des routes dans la zone métropolitaine est l'une des causes principales de la congestion dans la circulation. Ces travaux se font au cours de la journée. La plupart du temps, il n'y pas d'autres voies d'accès ou des détours qui sont créés pour rendre fluide la circulation. Citons en autres les zones de Martissant et de Bizoton 51 (zone marine haïtienne) pour les véhicules qui vont du côté sud de la capitale. Ce qui ralentit considérablement la circulation des véhicules. Les passagers et les chauffeurs sont obligés de passer des minutes ou des heures dans l'embouteillage avant d'arriver à destination. Certains passagers sont obligés de descendre pour continuer la route à pied. Certains chauffeurs sont obligés de rebrousser chemin. En plus des travaux de réparation, le mauvais état de certains tronçons de route, les nids de poules et les eaux stagnantes lors des périodes pluvieuses font obstruction à la circulation des véhicules. À cela s'ajoutent les voitures qui sont en panne au milieu des routes, les véhicules mal garés, les garages qui se situent dans les rues au centre-ville de Port-au-Prince et les égouts non couverts dans les routes. Tous ces facteurs provoquent également de l'embouteillage.

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Au centre-ville, à Delmas, à Pétion-ville, les trottoirs sont occupés par les marchands. Ils ne sont plus réservés aux piétons. Les passants sont obligés de marcher dans les rues et traversent à n'importe quel endroit. Ce qui représente un véritable danger pour les piétons et les marchands sur les trottoirs en cas d'accident. Le 29 janvier 2011 un camion qui a ses freins lâchés a fait 4 morts et 6 blessés à Clercine 14 (Radio Kiskeya : janvier 2011). En janvier 2012, il y a eu un accident à Delmas qui a fait 26 morts et 56 blessés (AFP, 17 janvier 2012). L'accident a été produit par un camion qui transporte des matériaux de construction. Selon les témoins ses freins auraient lâché. Plusieurs personnes qui vendent sur le trottoir de Delmas 33 et les taxis moto ont trouvé la mort. L'occupation des trottoirs par les marchands prouve une fois encore la faiblesse des autorités haïtiennes à prendre des décisions pour le bien-être de la collectivité.

Selon les données de l'IHSI, le nombre de véhicules qui assurent le transport des passagers dans l'Aire Métropolitaine est évalué à 21.387 en 2004. Les 75% de ces véhicules sont fabriqués dans la décennie 70-80, 5% seulement sont des modèles récents (IHSI : 2005). Les statistiques récentes sur le nombre de véhicules qui assurent le transport en commun ne sont pas disponibles en dépit des recherches effectuées.

Le transport en commun dans l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince souffre d'un sérieux problème d'organisation. Il n'y a pas de politique de transport en commun élaboré par le MTPTC. Les véhicules qui font le transport en commun dans cette Aire n'ont pas de gare. Ils sont obligés de garer dans la rue pour prendre les passagers. Ils n'ont pas des arrêts pour arrêter pour les passagers qui montent et descendent. Certes le MAST a fixé les prix des différents circuits mais ils ne sont pas toujours respectés. Certains chauffeurs de camionnettes ne respectent pas le parcours fixé par le MAST. Parfois ils arrivent à mi-chemin et ils arrêtent. Les passagers sont obligés de prendre une autre course pour arriver à destination. Les autorités n'ont rien dit sur ces genres de pratique.

Donc, si on veut améliorer les conditions dans lesquelles les passagers se déplacent; il est indispensable d'avoir les données sur le nombre de véhicules qui font le transport en commun et une estimation du déplacement de la population de la zone métropolitaine dans les heures de pointe.

Pour éviter la congestion dans l'Aire Métropolitaine, il faut créer d'autres voies d'accès là où il n'y a qu'une seule. Pour la zone de Carrefour qui a une seule voie d'accès de Martissant à Fontamara, la construction de la route de quatrième Avenue à Diquini est une solution. La reprise du transport maritime pour aller est aussi envisageable pour réduire l'embouteillage. Il faudrait plus d'autobus qui peuvent transporter en moyenne une trentaine de personnes dans le transport inter-urbain. En cas de réparation des routes, la création d'autres voies de dégagement est essentielle pour faciliter la circulation des véhicules. Cela exige aussi l'élaboration d'une politique de transport en commun de la part des instances concernée.

Angelo Barthold
Étudiant à la maîtrise en travail social et en Population et développement
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Bibliographie
Agence France Presse (2012). Consulté en ligne le 17 janvier 2012.
Groupe de travail sur l'éducation et la formation (GTEF) (2010). Pour un pacte national sur l'Éducation en Haïti, 330 p.
Enquête sur le transport à Port-au-Prince de l'IHSI (2005) cité dans l'article de Rock André en 2006. www.forumhaiti.com
Institut Haïtien de Statistique et d'Informatiques (2009). Population totale, Population de 18 ans et plus. Ménages et densités estimé en 2009. En ligne 89 pages. http//: www.ihsi.ht/pdf. Consulté le 23 août 2012.

 www.radiokiskeya.com. Consulté le 29 août 2012
www.tiptopglobe.com: 09/03/12
Photos credit: Transportation Nation, hpn,Cilasun Bayulgen